Erasme, le laboratoire d’innovation ouvert de la Métropole de Lyon a organisé un marathon créatif sur la bio-inspiration au service de la politique publique.
Le vivant est l’aboutissement de 4 milliards d’années de Recherche et Développement menés par la nature. Son étude permet de tirer quelques grands principes.
On constate par exemple que chaque espèce est interdépendante d’autres espèces et que grâce à des échanges collectifs permanents, le vivant atteint des niveaux élevés de robustesse et de résistance aux changements.
On s’aperçoit également que la coopération, jusqu’à la symbiose, est plus efficace que la compétition surtout dans un environnement contraint.
Que l’innovation naît de l’expérimentation et que les marginaux ont un rôle essentiel dans ce processus. La transmission de l’innovation se fait ensuite à travers la culture ou l’évolution.
L’adaptation, quant à elle, est la condition sine qua none du vivant dans un environnement changeant. Certaines adaptations font appel à la plasticité de l’espèce, d’autres requièrent une évolution profonde.
Le vivant optimise les matériaux et les énergies à sa disposition, il assemble des éléments simples en structures complexes.
Enfin, la diversité, au sein d’une espèce, comme d’un écosystème, permet un catalogue d’adaptations infini.
Ces principes incitent à faire preuve d’humilité et peuvent être source d’innovation. C’est le principe même de la bio-inspiration, qui consiste à s’inspirer des sources nombreuses d’idées, de méthodes et d’organisation du vivant, pour s’adapter et innover.
À ne pas confondre avec le biomimétisme, qui s’inspire également de la nature pour innover, mais concerne plutôt l’ingénierie, en s’inspirant des formes, propriétés ou matières du vivant, comme le fait Techtera, le Pôle textile situé à Dardilly qui travaille sur la tenue du combattant du futur en étudiant les propriétés de la soie d’araignée.
La bio-inspiration est-elle applicable à la sphère publique ?
Erasme, le laboratoire d’innovation ouvert de la Métropole de Lyon
C’est la question que s’est posée Érasme, le laboratoire d’innovation ouvert de la Métropole de Lyon, qui contribue depuis 2015, par son action et ses méthodologies, à la politique d’innovation publique et numérique du Grand Lyon.
Pour répondre concrètement à cette question, Erasme a organisé un marathon créatif de trois semaines en collaboration avec le Centre de Recherche Créa Mont-Blanc, la société Holoméa, l’École Urbaine et le Pôle Supérieur de Design de Villefontaine, mobilisant 60 étudiants, chercheurs, experts et designers.
« Nous avons conduit pendant trois semaines un workshop traitant de bio-inspiration au service des politiques publiques, qui vise à réintroduire le vivant comme acteur de nos actions d’intérêt général et public, en testant une nouvelle méthode de travaille qui est à la fois liée à l’utilisation des grands principes du vivant, la décentralisation, la sobriété, l’auto-organisation, l’autoréparation des phénomènes émergents au service des projets lancés, mais aussi de prendre en compte le vivant comme socle de l’ensemble de nos activités comme l’alimentation, la santé, le transport ou le bien être de l’ensemble des habitants », explique Patrick Vincent, directeur de projet à Erasme.
Les projets de ce marathon créatif
Les participants à cette étude se sont divisés en 7 équipes qui ont travaillé sur des projets différents. Ils les ont présentés le 1 Er avril à l’Urban Lab d’Erasme, qui se trouve au Pole Pixel, situé à Villeurbanne.
Parmi ces projets on retrouve par exemple la Carriole à projet, dans le cadre du réaménagement de la place Mazagran, dans le 7e arrondissement de Lyon. Ce dispositif repose sur une carriole qui permet convivialité et partage pour prendre des décisions et ainsi co-construire le quartier. Ce comité de suivi va élire un permanent architectural qui va venir fluidifier les échanges, aidé à appréhender les outils et mettre en action ce qui va être cocréer.
« Le cœur du projet c’est cette carriole, ça va être l’outil du permanent architectural et des citoyens. Elle va venir créer un lien entre les différents acteurs, ça va être un lieu de rencontre où cocréer. Cela se fait en complément d’assemblées générales. Ici la référence avec le vivant c’est les différents moments de création qui font référence à la redondance, il y a aussi un côté aléatoire des différents acteurs qui vont se réunir et de ce qui va se passer », indique une étudiante qui a participé à ce projet.
On retrouve également le projet Permea qui vise à sensibiliser les acteurs de l’aménagement urbain pour une ville perméable grâce à la création d’un parcours où l’eau est notre partenaire.
« Dans ce parcours on va déambuler et on va vous demander d’être à la place de l’eau, pour créer un partenariat avec elle. En endossant ce rôle vous allez comprendre les enjeux de demain pour une ville plus perméable », détaille une autre étudiante.
Ce parcours sera composé de panneaux qui pourraient être déployés à travers la ville et les étudiants qui ont participé à ce projet ont même créé une application ayant recours à la réalité augmentée afin de favoriser l’immersion.
La Métropole devrait se prononcer rapidement sur les projets qui vont être mis en application. Les directeurs techniques de six services de la Métropole ont participé à ce marathon créatif, cela facilitera la décision.
Cette étude témoigne en tout cas du fait que la bio-inspiration peut aider les collectivités à s’adapter à leur environnement. En s’inspirant de la nature, on constate par exemple que leur capacité de transformation diminue lorsqu’en temps de crise, elles sont régies par des stratégies de performance et d’optimisation. Dans un environnement contraint, il convient plutôt de multiplier les interactions, comme le font la plupart des espèces qui constituent le vivant.