Le GIEC a sorti son dernier rapport le 4 avril. Le même jour, la métropole de Lyon présentait son Plan Climat et organisait une conférence à l’auditorium de Lyon.
La métropole de Lyon a profité de la sortie du dernier rapport du GIEC, qui a eu lieu le 4 avril, pour présenter son Plan Climat et faire l’inventaire de ses actions en la matière. Bruno Bernard, le président de la métropole de Lyon, Pierre Athanaze, le vice-président de la Métropole délégué à l’environnement et Philippe Guelpa-Bonnaro, le vice-président de la métropole de Lyon, délégué au Climat, à l’Énergie et à la réduction de la publicité étaient présents en conférence de presse.
« La COP 26 est une déception, le nouveau rapport du GIEC va nous inquiéter de nouveau et lors de l’élection, l’environnement est hors des débats. On ne peut pas être optimiste, mais ici nous nous engageons très fort », a commencé Bruno Bernard.
« La crise sanitaire a mis à jour le lien étroit entre nos économies mondialisées, la santé humaine et la fragilité de nos écosystèmes et du climat. À son échelle, la métropole de Lyon a adopté un plan d’investissement et de relance ambitieux (le PCAET, NDLR) de 3,6 Milliards d’euros sur la période 2021-2026, pour accélérer la transition au bénéfice de l’ensemble des habitants des 59 communes », a ajouté le président de la Métropole.
Le Grand Lyon indique que le climat est « l’affaire de tous », mais qu’il entend jouer le rôle d’un chef d’orchestre « dans cette nécessaire transition et agir directement sur ses propres compétences, notamment par des investissements très importants ».
Les entreprises
Bruno Bernard est revenu sur le travail qui a été entrepris par la métropole de Lyon auprès des entreprises, avec le Manifeste, en faveur d’une industrie qui se transforme et s’engage pour l’environnement. 120 entreprises l’ont déjà signé.
Il a également évoqué le Fonds d’Amorçage Industriel Métropolitain lancé en 2022, qui est le fruit d’un partenariat public-privé, sur les territoires de Lyon et de Saint-Étienne et qui sera doté, à terme, d’un budget de 80 millions d’euros. Ce Fonds sera dédié à la création et au développement d’unités industrielles dans les entreprises à impact positif, social et environnemental, pour les accompagner dans leur transition écologique.
Le président de la Métropole a aussi rappelé que la Métropole avait un « rôle d’acheteur », et qu’elle pouvait avoir une influence par l’intermédiaire « d’une politique d’achat responsable ». Le Grand Lyon commande par exemple des ordinateurs pour son personnel, des repas pour les collèges, des vélos et des voitures de service, des chantiers de voiries… pour un montant de 1,1 milliard d’euros par an. La Métropole souhaite montrer l’exemple et a voté le Schéma de Promotion des Achats responsables (SPAR) en 2021, pour avoir une politique de commande publique, avec des conditions socio-environnementales ambitieuses. Le SPAR dispose d’une clause de « progrès carbone » afin d’accentuer le recours aux matériaux biosourcés.
Bruno Bernard est revenu sur les transports, en présentant « Destinations 2026 », le plan de mandat du Sytral qui engage un montant d’investissement de 2,55 milliards d’euros, soit deux fois plus que le précédent.
Le président de la Métropole a bien évidemment parlé vélo et a rappelé son « objectif de multiplier par 3 le nombre de déplacements à vélo d’ici à 2026 ». En 2021, la métropole de Lyon a aménagé 90 km de voies cyclables supplémentaires portant le total à 1100 km. Le Grand Lyon a aussi lancé la création des Voies lyonnaises qui constitueront un réseau sécurisé de 12 lignes pour un total de 355 km. Bruno Bernard est également revenu sur les Freevélo’v, pour les étudiants boursiers ou en insertion.
La plantation d’arbres et la végétalisation
« Les arbres permettent de rafraîchir l’atmosphère en créant de l’ombre et de l’humidité. Ils permettent de stocker le carbone », a rappelé Pierre Athanaze, avant de revenir sur le Plan Nature, un plan doté d’un budget de 44 millions qui prévoit la plantation d’arbres et la végétalisation des espaces publics.
Le président de la Métropole a également cité le nouveau dispositif d’aide à la plantation à destination des copropriétés et des bailleurs sociaux qui a été voté en 2021. Il va permettre de végétaliser les collèges et les copropriétés publics et privés.
Pierre Athanaze a déclaré que « planter des arbres et végétaliser n’était pas seulement bon pour l’homme, mais aussi pour les insectes pollinisateurs ».
Il a rappelé que « Lyon est la ville d’Europe dans laquelle le climat s’est le plus réchauffé avec +2,9°c », est revenu sur « les trois crues décennales » qu’a connues le Rhône l’année dernière. « Son niveau a baissé de 20 % et il devrait encore baisser de 30 % d’ici 2030 », a-t-il ajouté.
Cela a permis à Bruno Bernard de s’étendre sur la politique de la Métropole en faveur de l’eau. « La création de la Régie publique de l’eau permettra d’avoir une politique publique de long terme », a-t-il indiqué.
Les énergies
« Il faut réduire les consommations d’énergies de 30%, d’ici à 2030 », a affirmé Pierre Athanaze, avant d’ajouter : « 50 % de nos consommations d’énergies, c’est pour la chaleur ».
Philipe Guelpa-Bonnaro a indiqué qu’il fallait réduire « la consommation du patrimoine ».
La Métropole a pour objectif de mieux utiliser son énergie, en particulier en se chauffant avec des systèmes plus efficients comme les réseaux de chaleur. « Cela permet d’alimenter les habitants en énergie locale et renouvelable puisqu’ils sont alimentés à 80% par de la biomasse », a précisé Pierre Athanaze. « 60 % sont des déchets de bois, issus pour 15% de déchets de cagettes, pour 15% de déchets d’élagages. Il est hors de question de couper des arbres pour cela », a ajouté Philipe Guelpa-Bonnaro. Actuellement 83 000 équivalents-logements sont chauffés ainsi, et l’objectif de la Métropole est de chauffer 200 000 logements d’ici à 2030.
Le vice-président de la Métropole de Lyon, délégué au Climat et à l’Énergie, a également parlé des réseaux de chaleur tempéré qui sont « collectés sur les eaux usées » et qui ont un « coefficient énergétique intéressant ».
Bruno Bernard est revenu sur le nouveau méthaniseur qui sera construit sur le site de la station d’épuration de Pierre-Bénite et qui « devrait permettre de passer de 6GW, à 54 GW en 2028. 100 GW en 2032 ».
Philippe Guelpa-Bonnaro a évoqué l’efficacité du dispositif Ecoreno’v que ce soit dans le domaine public ou privé.
Plus de 18 000 logements ont bénéficié entre 2015 et septembre 2021 de 48,6 M d’aides pour la rénovation, dont 11 000 logements privés en copropriétés, 385 maisons individuelles et 6 774 logements sociaux.
Depuis mars 2021, de nouveaux règlements d’aides visent l’augmentation du nombre de projets. Le nouveau règlement prévoit la possibilité de cumuler les aides de l’Agence Nationale de l’Habitat (ANAH) et de la Métropole de Lyon. La structuration d’un partenariat spécifique avec les bailleurs sociaux est engagée.
Philippe Guelpa-Bonnaro a également parlé de la « Prime Éco-Chaleur », une aide qui peut atteindre 70% du coût total pour s’équiper en chauffage, de la Prime air bois, pour s’équiper de poêles plus performants. La société WoodTechno qui est soutenue par Pulaslys, l’incubateur de start-ups de Lyon et Saint-Étienne a mis au point des granulés de bois qui devrait encore améliorer leur performance.
« À Lyon, il est difficile d’installer des éoliennes, car il manque de vent », a indiqué le vice-président de la Métropole de Lyon, délégué au Climat et à l’Énergie. Du coup la Métropole privilégie les panneaux photovoltaïques qui ne posent pas de problème de « budget », mais de « foncier ». De nombreux partenariats ont été amorcés pour placer des panneaux photovoltaïques sur les toits du territoire métropolitain.
La Métropole souhaite également décarboné la Vallée de la Chimie qui représente 26% des émissions totales des gaz a effet de serre émis sur le territoire métropolitain, avec un projet d’hydrogène vert.
Bref, comme dirait Philippe Guelpa-Bonnaro, la Métropole « fait feu de tout bois pour aller vers les énergies renouvelables ». « La solution sera forcément un cocktail d’énergies différentes », précise-t-il.
L’après-midi, la conférence Énergie-climat a mobilisé les 145 partenaires du PCAET sur le territoire de la Métropole, « pour donner à voir les avancées de tous, depuis 2019, faire découvrir les dispositifs de la Métropole à de futurs partenaires et commencer à imaginer la révision du futur plan climat ».
« 150 acteurs sont mobilisés sur le plan climat, mais on va ouvrir le débat, pour concerner le plus de monde possible, car la situation est urgente, il est temps d’agir », a conclu Philippe Guelpa-Bonnaro.
Pour rappel, à l’horizon 2100, Lyon aura la température d’une ville comme Madrid ou Alger.
