Lors d’une conférence de presse organisée le 13 avril, le directeur général de l’OMS est revenue sur la situation en Ukraine et au Tigré, en Éthiopie, dont il est originaire. Visiblement très touché, il a déclaré que « le monde ne traite pas la race humaine de la même façon » et que « certains sont plus égaux que d’autres ».
L’OMS a organisé une conférence de presse le 13 avril dernier pour faire le point sur la situation en Ukraine et en Éthiopie.
La situation en Ukraine
« Demain, marque le cinquantième jour depuis que la Russie a envahi l’Ukraine. À cet instant, 4,6 millions de personnes ont quitté le pays. Des milliers de civils sont morts, y compris des enfants », a rappelé Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’OMS.
Il est ensuite revenu sur un sujet qui préoccupe l’Organisation Mondiale de la Santé depuis des semaines : les attaques contre les établissements de santé, précisant qu’il y avait eu depuis le début du conflit « 119 attaques vérifiées ». « Nos services de santé continuent d’être gravement perturbés, particulièrement dans l’est du pays », a-t-il indiqué.
Le 12 avril, Bhanu Bhatnagar, le porte-parole de l’OMS avait fait le point sur les attaques contre les établissements de santé en Ukraine, depuis Lviv.
Le 13 avril, Tedros Adhanom Ghebreyesus a invité la Russie à « revenir à la table des négociations et travailler à la paix », « pour le bien de l’humanité ».
En attendant, le directeur général de l’OMS insiste sur le fait que « des couloirs humanitaires doivent être établis afin que des fournitures médicales, de la nourriture et de l’eau puissent être livrées aux civiles et qu’ils puissent se mettre en sécurité ».
Les risques radioactifs et chimiques en Ukraine
Le Dr Michael Ryan, le Directeur exécutif chargé du Programme de gestion des situations d’urgence sanitaire de l’OMS a quant à lui indiqué qu’il y avait « toujours un risque plus élevé » lors d’un conflit, que « les bombes puissent causer des dommages aux infrastructures qui peuvent entrainer le rejet de produits chimiques ou de radiations ».
« Ces risques sont plus élevés en Ukraine, parce qu’il y a une industrie chimique et nucléaire importante », a-t-il affirmé.
Le Dr Myke Ryan, a précisé que l’OMS était prévenue et se préparait en partenariat avec l’IAEA (Agence Internationale de l’Énergie Atomique), avec « un plan d’intervention d’urgence » en prévention du risque radioactif.
« Nous étudions également la possibilité de réagir aux incidents chimiques. Nous avons fait de la formation et diverses actions en Ukraine pour nous préparer à un tel évènement », a-t-il ajouté.
La situation au Tigré
Tedros Adhanom Ghebreyesus est ensuite revenu sur la situation au Tigré où la situation s’améliore doucement depuis trois semaines, « après l’un des plus longs blocus de l’histoire moderne ».
Dans un tweet publié le 4 avril dernier, le Directeur général de l’OMS se réjouissait de l’arrivée de « 20 camions d’aide humanitaire et un camion-citerne » au Tigré.
David Beasley le Directeur du Programme Alimentaire des Nations Unies négocie avec le gouvernement éthiopien afin qu’il permette aux convoies humanitaires d’accéder à cette région.
« Il y a un besoin d’ouvrir des centaines de voies par jour pour apporter des provisions, pour sauver des vies. La vérité, c’est qu’il aurait fallu ouvrir 2000 voies pour aller au Tigré. Mais il n’y a eu que 20 pistes ouvertes. Cela représente 1% des besoins. Dans les faits, le siège par les forces éthiopiennes et érythréennes continue. Pour éviter la catastrophe humanitaire et éviter des centaines de milliers de morts, nous avons besoin d’un accès humanitaire de la part de ceux qui maintiennent ce siège. Outre les médicaments, les besoins immédiats en nourriture, carburant et autres services de base doivent être autorisés dans la région », s’est emporté Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui est originaire d’Asmara, la capitale de l’Érythrée qui était éthiopienne au moment de sa naissance. Avant d’être nommé directeur général de l’OMS en juillet 2017, il a été ministre de la Santé et des Affaires étrangères de l’Éthiopie.
Le Directeur général de l’OMS a indiqué que « l’attention portée à l’Ukraine est très importante, car elle impacte le monde entier », mais il regrette qu’elle monopolise l’attention de l’opinion publique internationale alors que d’autres crises ont lieu en Afghanistan, en Syrie ou au Tigré. Il avait déjà déploré cela lors d’une conférence de presse organisée par l’OMS le 16 mars dernier.
« Je dois être franc et honnête, le monde ne traite pas la race humaine de la même façon. Certains sont plus égaux que d’autres et quand je dis ça, ça me fait mal, parce que je le vois. C’est difficile à accepter, mais ça arrive », a regretté Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui est visiblement très touché par la crise humanitaire que connait le Tigré.