Les Nations unies ont créé un groupe mondial de réponse à la crise alimentaire. L’Union européenne veut soutenir la production sur le vieux continent et venir en aide à l’Ukraine et aux pays les plus fragilisés. Pour cela, elle a lancé le FARM, un programme international alimentaire.
« L’invasion de l’Ukraine par Poutine précipite des millions de personnes dans la crise, mais ses conséquences de grande ampleur menacent des millions d’autres personnes dans le monde », indique Global Citizen, la plateforme dont le but est de mettre fin à l’extrême pauvreté, et qui appelle à agir pour éviter la crise alimentaire que risque de provoquer ce conflit.
Il faut dire que la Russie et l’Ukraine représentent à elles seules 29 % de la production mondiale de blé. 750 millions d’habitants vivent dans des pays qui importent plus de 50 % de cette production depuis la Russie et l’Ukraine. La Russie est également une grande exportatrice de gaz et d’engrais.
En Europe, la guerre en Ukraine a entrainé quelques pénuries dans les supermarchés, mais le vieux continent n’est pas spécialement menacé. « En France, nous n’avons pas de risques de pénuries, nous sommes un pays souverain en termes de production agricole, en revanche cette flambée du prix du blé implique une inquiétude majeure, c’est une crise alimentaire mondiale dans 12 à 18 mois », indiquait fin mars, Julien Denormandie, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation au micro de BFM Business.
L’un des pays les plus menacés de famine dans les mois à venir est l’Égypte qui dépend à 80 % des céréales russes et ukrainiennes. Les prix ont déjà fortement augmenté dans ce pays, mais également au Liban ou en Éthiopie.
Les Nations unies alertent d’un risque « d’ouragan de famines »
En novembre dernier, David Beasley, le directeur du Programme Alimentaire Mondiale des Nations unies, alertait déjà qu’une famine sans précédent menaçait 42 millions de personnes dans le monde en 2022, mais la guerre en Ukraine aggrave la situation. « 1,7 milliard de personnes sont fortement exposées à l’impact de la guerre en Ukraine sur l’alimentation, l’énergie et la finance », s’alarmait l’Organisme des Nations unies pour le commerce et le développement (UNCTAD, NDLR.) dans un tweet publié le 13 avril.
Le 14 mars 2022, le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres, annonçait la création d’un Groupe mondial de réponse à la crise alimentaire, énergétique et financière (GCRG) pour coordonner la réponse mondiale aux effets généralisés de la guerre en Ukraine.
À l’issue de son premier briefing, le GCRG a alerté sur le risque « d’ouragans, de famines » qui « menacent le monde, mais frapperont plus durement les plus pauvres ».
Le Groupe mondial de réponse à la crise alimentaire propose une série de recommandations immédiates, et à plus long terme pour éviter et répondre à la hausse des prix alimentaires, à la hausse des prix de l’énergie et au resserrement des conditions financières. Il recommande par exemple de maintenir les marchés et le commerce ouverts pour garantir la disponibilité de la nourriture, des intrants agricoles tels que les engrais et l’énergie.
Il appelle également les institutions financières internationales à débloquer d’urgence des fonds pour les pays les plus à risque.
L’Europe ambitionne de soutenir les pays les plus fragilisés
Le 24 mars, Emmanuel Macron alertait du risque important de famine dans le monde en lien avec la guerre en Ukraine. « Nous sommes en train d’entrer dans une crise alimentaire sans précédent », prévenait le chef de l’État, à l’issue du sommet de l’OTAN consacré à la situation en Ukraine et aux sanctions prises contre la Russie.
« Pour éviter une crise alimentaire mondiale, il nous faut agir. J’ai souhaité lancer, en lien direct avec l’Union africaine, l’initiative FARM », indiquait-il dans un tweet publié le même jour.
Le FARM (Food and Agriculture Résilience Mission, NDLR.) est un programme alimentaire international, piloté par l’Union européenne, qui s’inspire du mécanisme de redistribution des vaccins COVAX.
Proposé à l’initiative d’Emmanuel Macron au sommet de Versailles, dans le cadre de la présidence française à la tête de la Commission européenne, le programme FARM profite également de la présidence allemande du G7 pour réunir certains pays clés, ainsi que des organisations internationales et le secteur privé.
« Il s’agit d’une initiative pour lutter contre la spéculation à travers la transparence dans les stocks et dans les outils de production. C’est une initiative coordonnée de solidarité nécessitant de produire, où il est possible de le faire, notamment en Europe, mais aussi dans d’autres pays partenaires comme les États-Unis d’Amérique, l’Australie et tant d’autres pays connus pour leurs capacités de productions, mais également une fois que l’on a produit, d’organiser les voies, les moyens pour permettre à un certain nombre de pays fragilisés d’avoir accès à ces productions (…), avec notamment les institutions à l’international, comme la FAO, le PAM ou encore le FID », expliquait Julien Denormandie, à la sortie du conseil « Agriculture et pêche » (Agrifish) qui a réuni les ministres européens de l’Agriculture le 7 avril dernier.
Le ministre français a également profité de l’occasion pour annoncer que l’Union européenne avait décidé d’octroyer « une aide de 225 millions de dollars pour venir appuyer les pays africains ».
L’Europe souhaite soutenir l’Ukraine
Mykola Solsky, le nouveau ministre ukrainien de la Politique agraire et de l’Alimentation, était présent lors du conseil Agrifish. « Nous avons pu échanger sur les mesures de soutien que l’Europe se doit d’apporter au peuple ukrainien dans les aspects alimentaires, mais également du soutien que l’Europe peut apporter au gouvernement et aux paysans ukrainiens », a indiqué M. Denormandie.
Le ministre ukrainien a fait part de besoins en termes de semences (la France a déjà envoyé des semences de pommes de terre, NDLR.), d’essence, de matériel agricole, mais également de stockage pour les productions à venir.
Mykola Solsky a indiqué que « le gouvernement ukrainien faisait tout son possible pour maintenir une production agricole, et que 50 à 70 % des terres ukrainiennes pouvaient être semées et récoltées ».
L’Europe souhaite soutenir la production européenne
En Europe, l’augmentation du prix des matières premières, de l’énergie, des engrais ou de l’alimentation pénalise les agriculteurs.
Le 23 mars, l’Union européenne adoptait un certain nombre de mesures visant à faire face à l’impact de la guerre en Ukraine sur la sécurité alimentaire, tant dans l’UE que dans le monde.
Le paquet de résilience européenne à destination du monde agricole prévoit une aide financière à destination des agriculteurs européens à hauteur de 500 millions d’euros.
Pour augmenter la capacité de production du vieux continent, où les terres fertiles disponibles sont limitées, l’Union européenne a également décidé d’assouplir temporairement les règles sur les terres non cultivées.
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