Lors du défilé du 1er mai, les dirigeants de la gauche et de l’écologie se sont croisés et ont pu montrer leur union. Celle-ci s’est matérialisée dans la nuit de dimanche à lundi par un accord entre la France insoumise et Europe Écologie-Les Verts, en attendant les socialistes et les communistes.
Le défilé du premier mai a été propice aux échanges entre les différents dirigeants des partis de la Gauche et de l’Écologie. Olivier Faure et Jean-Luc Mélenchon se sont serrés la main, le leader de la France insoumise a pu se montrer en train de discuter avec l’écologiste Sandrine Rousseau dans un café, et des communistes sont montés sur le char des insoumis. Autant de symboles qui laissaient présager que l’union de la gauche en vue des élections législatives était en bonne voie.
Cela s’est confirmé avec la validation par le conseil fédéral d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) d’un accord avec la France insoumise, dans la nuit de dimanche à lundi.
Depuis une dizaine de jours, les deux formations négociaient et des dissensions étaient rapidement apparues concernant le nom à donner à cette future coalition des gauches – les écologistes voulaient absolument que figure le mot écologie dans ce label – mais également sur le partage des circonscriptions ou sur la politique étrangère.
Forte de ses 22 %, la France insoumise semblait peu encline à faire des concessions. Finalement elle a assoupli sa position en acceptant d’appeler cette coalition la Nouvelle Union populaire écologiste et sociale et en acceptant d’attribuer 100 circonscriptions aux écologistes. Elle semble également avoir lâché du lest sur les questions européennes.
Ainsi le texte a pu être adopté dans la nuit de dimanche à lundi avec 84 voix pour et 10 voix contre.
« Ce n’est pas forcément un accord historique, mais c’est exceptionnel que nous ayons réussi à nous mettre d’accord à ces législatives. C’est aux Françaises et aux Français d’en faire un moment historique », a déclaré Nicolas Bayou, le secrétaire national d’Europe Écologie-Les Verts sur le plateau de BFMTV dans la matinée du 2 mai.
Dans un communiqué publié le même jour, EELV propose « aux Françaises et aux Français de mettre en place un large rassemblement s’appuyant sur la dynamique de la campagne présidentielle de l’Union Populaire ouvrant la voie à une majorité à l’Assemblée nationale », précisant que « dans cette perspective, le Premier ministre serait issu du plus grand groupe à l’Assemblée, soit Jean-Luc Mélenchon ».
« Des objectifs pragmatiques communs »
Ce communiqué précise qu’Europe Écologie-Les Verts et La France insoumise partagent « des objectifs pragmatiques communs qui constitueront la base d’un programme partagé de plusieurs centaines de propositions ».
Les écologistes s’engagent à défendre « la hausse du SMIC à 1400 euros », « le retour à la retraite à 60 ans », « la garantie d’autonomie pour les jeunes », « le blocage des prix sur les produits de première nécessité et l’éradication de la pauvreté », « la mise en place d’une véritable planification écologique par l’application d’une règle verte (ou d’une règle d’or climatique) pour répondre à l’urgence climatique et environnementale ».
« Nous sommes favorables à l’instauration d’une VIe république pour en finir avec le présidentialisme et introduire des droits nouveaux, notamment le référendum d’initiative citoyenne », soulignent-ils.
Un compromis sur la politique étrangère semble avoir été trouvé
La France insoumise a, quant à elle, visiblement accepté de faire des concessions sur les questions de politiques étrangères qui étaient à l’origine de divergences importantes avec EELV, mais également avec le Parti socialiste. La France insoumise souhaite notamment sortir de l’OTAN, critique l’Union européenne, et des débats ont également lieu en son sein sur l’aide militaire à apporter aux Ukrainiens.
« Nous, nous sommes pro-européens, fédéralistes, ça ne souffre d’aucune ambiguïté, est-ce que pour autant on est satisfait du financement de l’Europe? La réponse est non. Si nous voulons réorienter l’Europe ? La réponse est oui », a expliqué Julien Bayou sur BFMTV.
Sur l’Europe, les deux formations semblent s’être accordées sur la désobéissance à certaines règles européennes.
« La France ne peut avoir pour la politique, ni la sortie de l’Union, ni sa désagrégation, ni la fin de la monnaie unique, mais si certaines règles européennes sont un point d’appui (protection des consommateurs, normes environnementales…), de nombreuses autres sont en décalage voire en contradiction avec les impératifs de l’urgence climatique, en raison des règles budgétaires (…). Il nous faudra dépasser ces blocages et être prêt à désobéir à certaines règles européennes », confirme le communiqué.
« Non seulement nous voulons réorienter le projet européen, mais avec une majorité de députés écologistes, insoumis, socialistes, nous aurons des partenaires en Europe », a indiqué Julien Bayou, faisant notamment allusion à « la coalition de gauche » et aux écologistes qui sont « aux manettes » en Allemagne.
Julien Bayou a ensuite rappelé que « les discussions se poursuivent avec d’autres forces de la gauche ».
Les négociations avec les communistes et les socialistes semblaient également en bonne voie, lundi après-midi, le lendemain d’un premier mai qui a visiblement motivé les partis de la gauche et de l’écologie.