« La Cour suprême a voté l’annulation de l’arrêt historique Roe v. Wade » qui protégeait le droit des femmes à avorter, d’après les indiscrétions du journal américain Politico. À la suite de ces révélations, des manifestations ont eu lieu à Washington devant la Cour suprême.
Leur colère ne faiblit pas : « nous ne reculerons pas. » Plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés hier soir devant la Cour suprême à Washington. D’un côté, ceux qui sont venus défendre le droit à l’avortement, de l’autre, ceux réunis pour le dénoncer, une Amérique divisée et irréconciliable. Un regain de tension quelques heures seulement après une fuite inédite de plusieurs pages d’un document interne de la Cour suprême.
Le journal américain Politico s’est en effet procuré l’avant-projet d’une décision majoritaire qui a été rédigé par le juge conservateur Samuel Alito, daté du 10 février, mais qui doit encore faire l’objet de négociations jusqu’à sa publication le 30 juin.
On y apprend qu’une majorité de juges s’apprêteraient à annuler le droit à l’avortement. Pour eux, il ne s’agirait pas d’un droit constitutionnel.
« Cette décision est infondée depuis le début (…) Le droit à l’avortement n’est pas profondément enraciné dans l’Histoire et les traditions de la Nation », peut-on lire dans ce document intitulé « Opinion de la Cour ».
Une situation rendue possible par la recomposition de la Cour suprême sous le mandat de Donald Trump. Parmi ses neuf juges, six sont conservateurs et sont farouchement opposés à la décision de 1973 qui légalise l’avortement aux États-Unis. Un revirement qui pourrait attiser les tensions.
Joe Biden a exprimé son inquiétude : « ça serait vraiment une décision radicale et chaque décision sur la notion de vie privée serait remise en question. »
Si cette décision est annulée, chaque État pourra autoriser ou non l’avortement. Au moins vingt-quatre d’entre eux pourraient décider de l’interdire dont le Texas très conservateur, l’Arizona, la Louisiane ainsi que le Dakota du Nord et du Sud.
D’après un sondage, une large majorité des Américains soutiennent l’avortement. Juristes et politologues estiment que si cette décision est confirmée, des droits comme l’homosexualité, le mariage pour tous ou même la contraception pourraient être menacés.