Avec un budget de 10 millions d’euros alloué en faveur d’une politique agricole et alimentaire plus durable, la métropole de Lyon accompagne ses agriculteurs afin de proposer aux habitants une alimentation locale de qualité.
Il y a neuf mois, à Rillieux-la-Pape, le Grand Lyon avait présenté sa politique en faveur d’une politique agricole et alimentaire plus durable. La Métropole accorde à l’Agriculture une enveloppe de 10 millions d’euros – soit quatre fois plus que la municipalité précédente –, avec l’objectif d’accompagner les acteurs agricoles pour rendre accessible aux habitants de son territoire, une alimentation de qualité.
Lundi 9 mai, lors d’une journée ensoleillée, la collectivité a convié la presse pour faire un point d’étape concernant cette politique agricole. Le rendez-vous a eu lieu lieu dans l’exploitation de Jean-Charles Jocteur et Sébastien Valdéra à Corbas. Les deux agriculteurs viennent de bénéficier d’une aide du Grand Lyon pour le stockage de leurs pommes de terre.
Bruno Bernard, le président du Grand Lyon, a réaffirmé que « la politique agricole est un enjeu européen et français », mais selon lui, « la France n’est pas au niveau de la transformation agricole nécessaire du pays avec toujours une utilisation des pesticides beaucoup trop importante, la réautorisation des néonicotinoïdes et la disparition des aides au maintien à l’agriculture biologique ».
Jérémy Camus, le vice-président délégué à l’Agriculture a présenté la stratégie de la Métropole en la matière.
La préservation des terres agricoles
Il a tout d’abord rappelé qu’en 10 ans, « 900 hectares » de terres agricoles ont été urbanisés, et que depuis une vingtaine d’années, c’est « un hectare par jour (…) soit l’équivalent d’un terrain de foot » qui est perdu.
La Métropole entend stopper cette hémorragie à l’aide de deux outils : le “rétrozonage” et la classification PENAP.
La Métropole a déjà effectué une révision du PLU-H qui a permis de redonner « 60 hectares de terres à l’Agriculture ».
Si Jérémy Camus souhaite « aller chercher encore d’autres espaces », il a annoncé avoir à sa disposition « un outil qui est encore plus puissant, qui s’appelle l’outil PENAP, c’est la protection des espaces naturels et agricoles en périurbain », il permet « de sanctuariser ad vitam æternam le foncier agricole ».
Le vice-président de la Métropole a précisé que « les communes de Chassieux, Décines et Meyzieu ont déjà voté la sanctuarisation de 600 hectares de terres en PENAP ». « On pourrait classer 1000 hectares supplémentaires », a expliqué Jérémy Camus, précisant que « Quincieux allait peut-être suivre la même dynamique ».
Les Very Important Paysans
M. Camus a déploré, qu’en 10 ans, la Métropole ait perdu une centaine d’exploitations agricoles. Leur nombre est passé de 340 à 240 lors du dernier recensement général agricole de 2020. « Un déclin vertigineux que nous avons la responsabilité de freiner », a-t-il déclaré.
Pour cela, le Grand Lyon a décidé de bichonner ses agriculteurs, à travers un dispositif d’aides en soutien aux agriculteurs dont ont bénéficié Jean-Charles Jocteur et Sébastien Valdéra. En deux ans, trois appels à projets ont permis à 53 exploitations de bénéficier de cette enveloppe d’un million d’euros.
M. Camus a souhaité « parler de ces VIP, ces Very Important Paysans, qui ont fait l’objet d’une aide de la Métropole ». Il a cité « Rémy et Vincent, à Irigny qui sont de jeunes arboriculteurs en bio, la famille Dumas, à Saint-Genis-Laval qui a bénéficié d’une aide PENAP orientée vers la transformation de la pomme ou encore Anne-Laure qui a bénéficié d’une aide pour s’installer en marécage bio sur le plateau des maraichers de Collonges-au-Mont d’Or ».
Il a également évoqué le cas de « Sébastien Genay qui est un éleveur de poules bio, mais qui est aussi céréalier ». « Il s’est mis à faire sa propre farine, et on l’a aidé à acquérir son moulin », a détaillé le vice-président de la Métropole.
« Grâce à cette activité, Sébastien va pouvoir travailler à temps plein avec son épouse sur son exploitation, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent. Ces aides servent à infléchir la dynamique de perte d’emploi sur la Métropole », a-t-il ajouté.
Connecter les producteurs aux citoyens
Le problème, c’est que « 95 % de la production qui est réalisée sort de notre territoire pour aller alimenter d’autres bassins de consommations ; donc, c’est bien pour ces bassins, mais en l’occurrence les Lyonnais et Grand Lyonnais ne bénéficient pas forcément de cette production », a regretté M. Camus.
Afin de remédier à ce problème, la Métropole entend agir par l’intermédiaire de la commande publique, en tentant de réorienter une partie de cette production vers les collèges du territoire qui servent 25 000 repas par jour.
Depuis le 9 mai, elle propose également une carte numérique interactive qui a été réalisée en collaboration avec les associations Zéro Déchet et Bellebouffe, une asso qui mène des actions pour favoriser l’accès à une alimentation de qualité digne et durable. Ce projet avait débuté pendant la pandémie.
« À l’époque, on avait mis en place une cartographie, qui permettait aux habitants de repérer à côté de chez eux, ce qu’il pouvait y avoir comme approvisionnement en production locale. On a décidé de capitaliser sur cette expérience et de faire une carte un peu augmentée et participative », a confirmé Jérémy Camus.
« Le plus de cette carte c’est que les informations sont ouvertes, elles sont en open data. C’est-à-dire qu’on va pouvoir accéder à ces informations, les télécharger, les manipuler, en faire ce dont on en a envie. On agit pour plus de transparence alimentaire à travers ce service », explique Marie-Amandine Vermillon, la cofondatrice de l’association Bellebouffe.
Avec cette carte, la Métropole espère reconnecter ses habitants à ses producteurs.
Le 9 mai, le Grand Lyon a fait le point sur sa politique en faveur d’une politique agricole et alimentaire plus durable. La collectivité a également parlé de ces futurs projets tels que la journée internationale de la gastronomie qui aura lieu le 17 mai, un évènement qui réunira de nombreux experts autour de la question de la sécurité alimentaire. Elle a également évoqué l’inauguration, début juin, d’une ferme semencière à Charly, qui fera l’objet d’un focus sur l’adaptation de l’agriculture au changement climatique ou le futur incubateur de paysans qui prendra place à Vaulx-en-Velin. En fin d’année elle devrait présenter son plan bio.
Au niveau européen, l’indépendance alimentaire est dans toutes les bouches, mais la politique agricole en matière de bio connait des avancées et des rétropédalages. Le 3 mai dernier, le Parlement européen a adopté le plan d’action pour l’agriculture biologique dans l’Union européenne, après avoir tergiversé sur la politique de la « Ferme à la fourchette ». Le texte, voté début mai, incite toutefois les différents états membres à élaborer leurs propres plans d’action, afin d’accroître la part de l’agriculture biologique dans le total national.
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