La métropole de Lyon espère atteindre le chiffre de 400 hectares d’espaces désimperméabilisés d’ici à 2026. Pour cela, elle mène notamment des opérations dans les collèges, comme en témoigne l’exemple de l’établissement Alphonse de Lamartine à Villeurbanne.
« J’ai deux souvenirs de mon enfance. Le premier c’est les discussions que j’avais avec mon grand-père, paysan en Auvergne. Je lui demandais : “pourquoi le chemin il n’est pas droit ? Pourquoi l’arbre il est tordu ? Il disait : Ce sont les anciens qui ont fait ça, ils savaient écouter la nature”. Le 2e souvenir, c’est quand j’étais petit à Lyon : je préférais passer mes dimanches au parc de la Tête d’or, plutôt que sur les berges du Rhône, qui à l’époque, étaient de grands parkings. Pourtant ça semblait simple d’écouter la nature, mais pendant des années, on a préféré mettre du béton, de l’asphalte, du tarmac un peu partout, et maintenant, on se rend compte qu’on a fait l’inverse de ce qu’elle demandait. On se doit de savoir écouter ce qu’est la logique du cycle de l’eau, du renouvellement des espèces, de ce que doit être notre monde et on se retrouve aujourd’hui à devoir désimperméabiliser. Ça veut dire prendre de gros bulldozers et casser du béton », a résumé le sous-préfet du Rhône Julien Perroudon, lors de la présentation de la politique de désimperméabilisation de la métropole de Lyon.
L’exemple du collège Alphonse de Lamartine.
L’évènement avait pour cadre le collège Alphonse de Lamartine. Construit dans les années 1970, cet établissement présentait des extérieurs très minéralisés. La Métropole a souhaité désimperméabiliser et végétaliser en plantant une trentaine d’arbres (des saules, des érables et des aulnes), ainsi qu’un millier de plantes vivaces. Elle a étendu les surfaces enherbées et créé 4 fosses d’infiltrations autour des arbres, permettant à l’eau de s’infiltrer. 900 m2 de bitume ont été supprimés.
En 2021, la cours de récréation avait déjà été désimperméabilisée, permettant ainsi à l’eau d’être directement infiltrée dans les sols.
Le montant total de l’opération s’élève à 240 000 euros, dont 89 000 euros d’aides de l’Agence de l’eau.
Les vertus de la désimperméabilisation et de la végétalisation
Cette inauguration a eu lieu le 17 mai, lors de la première journée d’un épisode caniculaire. Le dernier rapport du GIEC qui est sorti en février 2022 est formel : les canicules et les périodes de sécheresse vont s’intensifier. Elles sont déjà trois fois plus fréquentes aujourd’hui que pendant l’ère préindustrielle.
La désimperméabilisation peut être une bonne solution pour répondre à ce problème. Elle permet en effet de maintenir l’humidité des sols et de créer des îlots de fraîcheur. On constate par exemple un différentiel de 4 °C entre les centres-villes minéralisés et leur périphérie.
Elle permet également de retrouver un cycle de l’eau plus naturel, de recharger les nappes d’eaux souterraines. En milieu urbain, seulement 5 % de l’eau pluviale s’infiltre profondément dans les sols, alors qu’en milieu périurbain, ce pourcentage s’élève à 25 %.
De plus, le réseau d’assainissement de la Métropole est à 85 % unitaire. C’est-à-dire que les eaux pluviales transitent par le réseau d’eaux usées. En réduisant la quantité d’eaux pluviales transitant dans les réseaux unitaires, la désimperméabilisation permet de réduire la pollution.
Enfin, désimperméabilisation et végétalisation peuvent être menées de concert, ce qui permet aux insectes et aux oiseaux de s’abriter.
La politique de désimperméabilisation de la Métropole
La Métropole est bien consciente des vertus de la désimperméabilisation, tout comme l’État qui l’accompagne à hauteur de 40 000 € pour mettre en place une politique ambitieuse en la matière.
Depuis 2015, le Grand Lyon s’est engagé dans le projet « ville perméable », qui ambitionne de protéger les milieux naturels et la ressource en eau, de lutter contre les îlots de chaleur, de faciliter le retour de la nature en ville, de s’adapter et de réduire la vulnérabilité aux risques d’inondations.
Depuis le conseil métropolitain du 14 mars 2022, la collectivité a décidé d’accélérer et de multiplier par 4 le rythme de désimperméabilisation par rapport à l’ancien mandat, avec l’objectif d’atteindre le chiffre de 400 hectares désimperméabilisés d’ici à 2026.
Afin d’atteindre cet objectif, le Grand Lyon souhaite par exemple planter des arbres de pluie sur la voirie. En 2021, des arbres de ce type ont été plantés dans le 6e arrondissement de Lyon. Chacun d’entre eux permet l’infiltration d’environ 150 m2 de voirie.
La Métropole est également en train de discuter avec des acteurs du privé comme des centres commerciaux pour les sensibiliser à ce sujet.
Mais c’est surtout grâce aux collèges que la collectivité espère atteindre ses objectifs. Une enveloppe de 1,5 million d’euros a été votée au conseil de la Métropole du 15 mars 2021 afin de désimperméabiliser cinq établissements, dont le collège Alphonse de Lamartine qui fait figure de premier de la classe, mais également les collèges Maria Casarèes à Rillieux-la-Pape, Olivier de Serre à Meyzieu, Marcel Pagnol à Pierre-Bénite et Raoul Dufy à Lyon 3.
La Métropole compte sur ses collèges pour effectuer sa transition écologique. En plus de ce programme de désimperméabilisation, la collectivité vient de lancer un Appel à Manifestation d’Intérêt afin d’installer des panneaux photovoltaïques sur les toits de 11 établissements de son territoire.