Près d’un an après avoir lancé le RSJ (Revenu Solidarité Jeunes), la métropole de Lyon a fait le bilan de ce dispositif qui vient en aide aux jeunes entre 18 ans et 24 ans. Depuis le mois de mars 2021, 1000 jeunes ont déjà pu en bénéficier.
Il y a plus de pauvreté chez les jeunes que dans le reste de la population. Sur le territoire de la métropole de Lyon, le taux de pauvreté des jeunes atteint par exemple 22,7 % contre 15,7 % pour le reste de la population.
Cette situation s’explique notamment par le fait que le RSA n’est accessible qu’à partir de 25 ans. Si d’autres dispositifs existent, ils ne sont pas adaptés à toutes les situations ou ne couvrent pas totalement cette période charnière. Le Contrat d’Engagement Jeune (CEJ) est par exemple un dispositif exigeant, qui nécessite de suivre un parcours intensif de 15 heures par semaine, avec l’objectif d’un retour rapide à l’emploi. Il n’est pas nécessairement adapté à des jeunes en situation de précarité, qui ont besoin de reprendre confiance en eux.
« C’est parce qu’il y avait des trous dans la raquette au niveau national que nous avons voulu, dès notre arrivée, instaurer le RSJ (Revenu de Solidarité Jeunes NDLR.) pour compléter les dispositifs de l’État, encore aujourd’hui insuffisants », a affirmé Bruno Bernard, le président de la métropole de Lyon, lors d’un déplacement dans les locaux de l’association ACOLEA, qui accueille et accompagne des enfants, des adolescents et des jeunes adultes.
Cette visite qui a eu lieu le 19 mai n’était pas fortuite. Le président du Grand Lyon était venu pour faire le bilan du Revenu de Solidarité Jeunes (RSJ) près d’un an après la mise en place de ce dispositif qui a été voté en mars 2021, « à un moment où les jeunes ont été particulièrement touchés par la crise sanitaire », précise M. Bernard.
Un dispositif interstitiel et non concurrent des autres aides
Le président de la Métropole a précisé que le RSJ est « une aide d’urgence qui ne se substitue pas aux autres aides, mais qui est un coup de main ». Le Revenu de Solidarité Jeunes se positionne comme interstitiel et non-concurrent des autres dispositifs.
« Au niveau de l’État, des choses ont été faites, il y a la garantie jeune, et le contrat d’engagement a été mis en place pour les jeunes en rupture. On va voir comment on peut travailler avec l’État, il n’y a pas de concurrence », a tempéré Bruno Bernard.
Les critères pour bénéficier de cette aide
Pour bénéficier de ce Revenu de Solidarité, il faut avoir entre 18 ans et 24 ans révolus, être Français ou étranger en situation régulière, résider sur la Métropole de Lyon depuis six mois au moins, être sorti du système éducatif et ne pas être dans un autre dispositif.
Cette aide s’élève à 400 euros pour les personnes sans ressources d’activités et à 300 euros pour les personnes gagnant moins de 300 euros.
Les droits sont ouverts pour une période de six mois et peuvent être renouvelés pendant 24 mois si le ou la bénéficiaire entre dans un parcours participatif.
Un dispositif qui a été construit en concertation et qui fait l’objet d’une évaluation
Ce dispositif a été élaboré sur la base d’une large concertation. Des jeunes du territoire métropolitain et 117 structures ont été mis à contribution pour le construire.
Le RSJ a également fait l’objet d’une évaluation de la part de l’ODENORE ( Observatoire de non-recours aux droits et services ), le laboratoire de recherche de l’université Grenoble-Alpes, afin de pouvoir évaluer ce dispositif et pouvoir le réorienter.
« Il faut rester prudent, mais d’après les premiers éléments que nous avons, ce dispositif est une réussite », a affirmé Bruno Bernard.
Des personnes derrière les chiffres
1000 jeunes ont pu d’ores et déjà en bénéficier. Certains d’entre eux étaient présents dans les locaux d’ACOLEA pour expliquer leur parcours, leur situation.
Abdelkarim est originaire de Saint-Fons, il bénéficie du RSJ depuis six mois. « J’ai pu m’inscrire au permis, aider un peu à la maison et j’espère m’acheter une voiture, trouver une formation en hôtellerie ou en plomberie », a-t-il expliqué.
Melvin, est originaire d’Oullins et souhaite devenir comédien. Le RSJ lui « enlève un poids de la tête », cela lui « permet de se concentrer sur (ses) études ».
Jane, quant à elle, est originaire de Caen et elle est en rupture familiale. Elle suivait des études en LEA mais son titre de séjour a pris fin. Depuis, elle « donne des cours dans un foyer de mineurs isolés, pour ne pas perdre la main ». Le RSJ lui permet de « subvenir à ses besoins ».
Abdul Kashir est accueilli dans un centre d’accueil pour réfugiés. Il ne parle pas encore très bien français, mais le RSJ lui permet d’avoir un revenu minimum.
Le Grand Lyon a également réalisé une vidéo dans laquelle Séphora, Clément et Mikael, des jeunes bénéficiaires du Revenu Solidarité Jeunes témoignent des bienfaits de ce dispositif.
D’après l’étude menée par l’ODENORE, 42 % des jeunes qui ont bénéficié du RSJ ont retrouvé le chemin de l’emploi.
Bruno Bernard pense que le RSJ est « une économie pour la puissance publique ». Apporter une aide aux jeunes en situation de précarité leur permet en effet bien souvent de reprendre pied. Cela permet ainsi d’économiser les aides qui auraient pu leur être versées, à l’âge adulte, si leur situation ne s’était pas améliorée.
L’exemple lyonnais suscite en tout cas l’intérêt de plusieurs collectivités. Cette expérimentation intéresserait notamment la Gironde, les Pays de la Loire ou la Ville de Rennes.
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