Le 23 mai dernier, le journaliste bélarusse Roman Protassevitch était arrêté à la suite du détournement du vol Ryanair 4978, sur ordre du président Loukachenko. RSF profite de ce triste anniversaire pour rappeler que 27 journalistes sont toujours emprisonnés dans les geôles bélarusses.
Il y a maintenant un an, le 23 mai 2021, un Boeing 737 de la compagnie aérienne Ryanair, en provenance de l’Aéroport d’Athènes et à destination de Vilnius, était détourné et contraint par un Mig-29 de l’Armée de l’air biélorusse à se poser à Minsk. Le président Alexandre Loukachenko invoquait une alerte à la bombe pour justifier ce détournement.
Après cet atterrissage forcé, l’opposant biélorusse Roman Protassevitch, qui revenait de vacances en Grèce, était arrêté tout comme sa petite-amie Sofia Sapega
Pour rappel, Roman Protassevitch est un homme politique et journaliste d’origine biélorusse âgé de 27 ans. Il dirigeait la chaîne Telegram Nexta, un réseau d’opposition qui a récemment été classé sur la liste noire des organisations terroristes par le gouvernement biélorusse.
Cette arrestation inédite, de par son mode opératoire, s’inscrivait dans la politique répressive de Loukachenko, qui souhaitait se maintenir au pouvoir en faisant taire l’opposition par tous les moyens possibles.
Situation politique en Biélorussie
Alexandre Loukachenko était pourtant très populaire au départ. Il a été élu en 1994 à la tête de la Biélorussie, avant d’être réélu en 2001, 2006, 2010, 2015 et 2020. Mais comme l’opposition n’a quasiment pas le droit à la parole, les réélections de Loukachenko sont contestées par la communauté internationale.
Depuis 2015, Alexandre Loukachenko a même mis en place une forme de « Monarchie-Présidentielle ». Il a désigné son plus jeune fils Nikolai « Kolia » Loukachenko, actuellement âgé de 18 ans, pour lui succéder à la tête du pays, dans le but de perpétuer sa politique répressive, même après sa mort.
Les sanctions contre la Biélorussie
La Biélorussie est depuis 2011 sous embargo des Pays occidentaux du fait de sa politique liberticide.
À la suite du détournement du vol Ryanair 4978, des mesures très strictes ont été prises par l’Union européenne qui a inscrit sur liste noire les Hauts dignitaires du régime biélorusse, et qui a également banni la Biélorussie du marché européen.
Le 27 février dernier, Ursula Von der Leyen, la présidente de la Commission européenne annonçait de nouvelles sanctions contre « les autres agresseurs de cette guerre » à la suite de l’invasion russe en Ukraine. « Nous allons frapper le régime de Loukachenko avec un nouveau paquet de mesures. Nous allons introduire des mesures restrictives contre les secteurs les plus importants », avait-elle indiqué. Les secteurs des hydrocarbures, du tabac, du ciment, du fer et de l’acier étaient particulièrement visés.
Lokachenchenko est également interdit de séjour aux États-Unis et dans l’Union européenne. S’il soutient Poutine, l’inverse est vraie aussi. Le président russe le fournit en argent et en armes pour renforcer son pouvoir.
L’Opposition muselée en Biélorussie
Le président biélorusse est surnommé le « dernier dictateur d’Europe » en raison de la continuelle restriction des libertés publiques dans son pays.
Depuis fin 2007, il a lancé une politique d’arrestation massive des journalistes indépendants qui contestent son pouvoir et réclament plus de démocratie, la fin de la corruption et le respect des droits humains.
Depuis plus de 15 ans, l’opposition politique et les médias indépendants sont réduits au silence. Roman Protassevitch et Vitold Ashurak, qui est mort en détention, font partie des nombreux journalistes et militants politiques qui ont été traqués par le régime.
Le 10 décembre dernier, à l’occasion de la Journée internationale des droits humains, la Ville de Lyon avait organisé une table ronde sur la liberté de la Presse, à laquelle elle avait invité deux journalistes qui s’étaient exprimés sur la situation en Biélorussie.
Il s’agissait de Nadia Buzhan, une photographe bélarusse, lauréate du prix World Press Photo 2020 et d’Andreï Vaïtovich, un journaliste Franco-Bélarusse qui a réalisé un documentaire sur la contestation anti-Loukachenko, et qui ne peut plus rentrer dans son pays.
Ils indiquaient notamment que depuis 2019, 489 journalistes et 40 000 personnes ont été arrêtées en Biélorussie.
Reporter Sans Frontière a profité de l’anniversaire du détournement du vol Ryanair 4978 pour publier les portraits des 27 journalistes qui sont toujours emprisonnés dans les prisons biélorusses et demander leur libération.
« Le 23 mai marquera l’anniversaire du détournement d’un avion par le gouvernement d’Alexandre Loukachenko visant à arrêter le journaliste Pratasevich. RSF dévoile 27 portraits de journalistes toujours détenus au Bélarus et appelle à leur libération », indiquait RSF dans un tweet publié le 20 mai.