En plus des festivités, les Nuits sonores organisent le NS Lab, un programme qui permet de réfléchir sur des thèmes liés aux musiques électroniques. Cette année, il donnera la parole à des artistes mobilisés et à des scènes artistiques en lutte, de l’Est du continent européen, jusqu’au Brésil.
Le festival des Nuits sonores qui se tiendra du 25 au 29 mai n’est pas seulement l’occasion de danser, c’est aussi l’occasion de débattre et de réfléchir autour de thèmes liés aux musiques électroniques en participant au NS Lab.
Il s’agit d’un programme réflexif hybride de débat d’idées qui réunira les publics des Nuits Sonores et de l’Européen Lab au cours de rencontres, interviews, workshops et panels de discussion.
L’European Lab est une plateforme qui a été lancée, il y a dix ans par Arty Farty, l’association qui est à l’origine des Nuits sonores. Cette initiative est soutenue par l’Union européenne. Elle ambitionne de rassembler à l’échelle européenne, une génération d’acteur.rices culturel.le.s émergent.e.s et innovant.e.s. pour les impliquer dans une réflexion et un engagement commun afin d’imaginer le futur de la culture.
Cette édition 2022 du NS lab donnera notamment la parole à des artistes mobilisés et à des scènes artistiques en lutte de l’est du continent européen, jusqu’au Brésil.
La scène brésilienne sous Bolsonaro
Alors que les Nuits sonores accueilleront des artistes brésiliens comme le quintete Teto Preto ou la chanteuse MC Carol qui fera danser le public au rythme du Baile Funk, la conférence « Contre-culture brésilienne : électronique, incandescente et politique », qui aura lieu le jeudi 26 mai, proposera de s’intéresser aux problématiques rencontrées par les artistes cariocas et la scène électronique brésilienne.
Dans un pays présidé par Jaïr Bolsonarao qui est connu pour son autoritarisme et ses penchants réactionnaires, les droits des minorités et notamment de la communauté LGBTQIA+ sont bafoués.
En 2021, plus de 300 personnes LGBTQIA+ ont par exemple été assassinées dans le pays.
En 2020, 90% des personnes tuées par la police étaient des hommes noirs.
Dans ce contexte, les musiques électroniques et particulièrement le Funk brésilien représentent un exutoire.
Les artistes brésilien présents pendant le festival, viendront témoigner de leurs engagements.
Teto Preto et son collectif Mamba Negra organisent par exemple des soirées où les personnes trans et les drag Queens rentrent gratuitement.
La chanteuse MC Carol utilise sa musique comme une arme politique. Elle questionne l’histoire de son pays natal, les inégalités sociales et dénonce la misogynie, le racisme et la grossophobie. Elle s’est même présentée aux élections pour la représentation de l’État de Rio de Janeiro sur la liste des candidats du parti communiste brésilien.
La scène électronique à l’épreuve de la guerre en Ukraine
Le même jour, la conférence « Scènes et club culture face à la guerre en Ukraine » permettra de s’intéresser à la mobilisation des scènes électroniques du monde entier suite à l’agression russe en Ukraine.
Avant la guerre, l’Ukraine avait une vie culturelle riche. Elle s’était par exemple imposée comme un haut lieu du Street Art et sa scène électronique était dynamique, avec des artistes comme Nastia, Miss K8, Artbat, Lolibou, Zavoloka ou Stanislav Tolkachev. Ses clubs sont désormais devenus des refuges.
Dans une tribune de Résident advisor, la journaliste ukrainienne Mariana Berezovska a exhorté les artistes, acteurs et actrices culturels ou simples citoyens à se mobilisé.es contre les horreurs de la guerre.
Les clubs berlinois, pourtant durement touchés par la pandémie de Covid, n’ont pas attendu cet appel pour se mobiliser par l’intermédiaire de leur syndicat : la Clubcommission. Ils ont organisé la campagne « Club Culture United – Stand Up For Ukraine » et reversé une partie du prix de leurs entrées. Des membres de la Clubcommission ont également collecté des dons de nourriture et de vêtements ou se sont rendus en Pologne pour aider à la frontière avec l’Ukraine. De nombreux clubs ont voulu témoigner de leur solidarité, comme le Gretchen qui a installé une bannière représentant des colombes de la paix sur le fronton de son entrée.
Les intervenants de cette conférence reviendront sur les Stream solidaires, les évènements caritatifs, l’accueil d’artistes en résidences, les aides humanitaires, qui ont été organisé par des acteurs des musiques électroniques dans le monde entier.
Le label néerlandais Clone Records a été jusqu’à rompre le contrat qui le liait à l’artiste russe Nina Kravitz, lui reprochant un silence pro poutine. Il s’en est expliqué dans un communiqué publié sur Instagram.
D’autres sujets seront abordés durant cette édition 2022 du NS Lab. La journée de mercredi sera notamment consacrée aux migrants et celle de vendredi à l’écologie.