À la suite du reportage intitulé « Alerte aux polluants éternels » qui a été diffusé le 12 mai dernier par Envoyé spécial et qui faisait état de la contamination aux perfluorés dans la Vallée de la Chimie, Jérôme Moroge, le maire de Pierre-Bénite, a décidé de porter plainte contre X pour mise en danger de la vie d’autrui.
Le 12 mai dernier, France Télévision a diffusé un reportage intitulé « Alerte aux polluants éternels » lors de l’émission Envoyé spécial. Le journaliste d’Investigation Martin Boudot s’intéressait au niveau de contamination par les perfluorés (PFC) ou polyfluoroalkylées (PFAS), que l’on appelle également les « polluants éternels » dans le couloir de la chimie, et plus précisément autour des usines Arkema et Daikin à Pierre-Bénite. S’inspirant du film Dark Waters, qui raconte l’histoire d’un avocat américain contre la firme DuPont qui produit du Téflon, le journaliste français a décidé d’effectuer des prélèvements d’eau, d’air (avec l’aide de l’association Générations futures), de sol et de lait maternel afin de les faire analyser par l’équipe de Jacob de Boer, un professeur néerlandais de chimie environnementale et toxicologique qui milite pour l’interdiction de ces perfluorés.
Ces composés chimiques sont très persistants dans la nature, d’où leur triste surnom. Chez l’Homme, ils seraient responsables de cancers, d’effets néfastes sur les systèmes reproductif et hormonal, ainsi que sur le système immunitaire.
Les résultats de l’enquête
L’association Générations futures a publié les résultats de l’enquête. « Au niveau des rejets des usines dans le Rhône, on retrouve en quantité importante les PFAS utilisés par les entreprises. Les quantités sont bien supérieures à celles retrouvées en amont du site industriel », indique-t-elle. « Pour l’eau du robinet : tous les échantillons d’eau du robinet provenant des champs captants du Rhône dépassent la norme pour la somme des 20 PFAS de 100ng/l. Plus de 200 000 personnes sont concernées », continue l’association. Ces composés chimiques auraient été retrouvés en quantité alarmante sur le terrain de foot du stade Brotillon qui jouxte l’usine. II a été fermé le 14 mai dernier et devrait rouvrir ces portes pour accueillir le meeting Envol trophée, un concours d’athlétisme qui se tiendra le 11 Juin.
Jérôme Moroge, le maire de Pierre-Bénite, a déposé une plainte contre X
À la suite de ce bad buzz, l’AFP a annoncé samedi, que Jérôme Moroge, le maire de Pierre-Bénite, a décidé de porter plainte contre X pour mise en danger de la vie d’autrui.
La directive européenne cadre sur l’eau (DCE/2000/60/CE)
De son côté la Préfecture a indiqué dans un communiqué que « les services de l’État ne disposent pas des résultats et de la méthodologie détaillés de cette enquête sur les rejets, qui mérite d’être expertisés ».
« L’agence régionale de santé (ARS) est l’autorité en charge du contrôle sanitaire de l’eau de consommation (eau du robinet). À l’heure actuelle, les PFAS ne font pas partie des analyses réalisées dans le cadre du contrôle sanitaire, ces composés ne sont pas encore réglementés », précise-t-elle.
Elle ajoute que « le cadre réglementaire évoluera d’ici à 2026 », que « la directive européenne 2020/2184 qui concerne la qualité des eaux de consommation humaine a été révisée pour suivre la présence des PFAS dans les analyses d’eau » et qu’elle « est en cours de transposition en droit français ».
Même son de cloche du côté de Bruno Bernard, le Président de la Métropole, qui reprendra à compter du 1er janvier 2023 la compétence sur le service d’exploitation et de distribution de l’eau sur son territoire. Il nous a indiqué que l’on retrouvait des perfluorés « même dans les bouteilles d’eau minérale », avant de regretter que la norme n’évolue pas avant 2026.
La ministre de la Transition écologique a élargi la liste des substances chimiques surveillées
Sauf que, à la suite de son entretien avec le journaliste Martin Boudot dans le cadre de ce reportage, la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, a publié un nouvel arrêté en date du 11 mai qui « impose désormais la surveillance d’une centaine de nouvelles substances chimiques, dont les composés polyfluoroalkylées (PFAS). »
Dans un communiqué elle indique que « ces nouvelles obligations en termes de surveillance de la qualité des eaux seront déclinées sur tous les bassins hydrographiques métropolitains et ultra-marins dès cette année ».
« Ce qui n’était hier qu’une crainte diffuse est aujourd’hui une menace avérée. Mieux mesurer les impacts des nouvelles substances chimiques et de leurs combinaisons sur la santé humaine et dans l’environnement est une évidente nécessité », indique Mme Pompili dans ce communiqué.
Pour une fois, le fameux laboratoire lyonnais est à la traîne.