Dès la clôture du Conseil européen qui s’est tenu pendant deux jours à Bruxelles, le chef de l’État a fait une déclaration précisant les contours de l’embargo sur le pétrole russe.
Les dirigeants des 27 pays européens se sont rencontrés les 30 et 31 mai lors d’un Conseil européen exceptionnel sur l’Ukraine et sur l’Énergie. Ils ont également abordé la crise alimentaire.
Concernant l’Ukraine, les dirigeants européens ont prévu un sixième paquet de sanctions à l’encontre de la Russie « qui est extrêmement important » selon Emmanuel Macron. Il permet de sanctionner 80 oligarques russes et d’interdire 3 chaînes de télévision. Enfin, la première banque russe est désormais exclue du système d’échange « Swift » qui permet de réaliser des transactions bancaires internationales, soit 35 % du marché bancaire russe.
Pour la première fois, les pays membres de l’UE se sont accordés pour prendre des sanctions sur le pétrole russe. Les prises de décision de l’Allemagne et de la Pologne vont permettre de mettre sous « sanction », d’ici à la fin de l’année, 92 % de l’exportation du pétrole. Emmanuel Macron parle d’une mesure structurante « qui va à la fois pénaliser l’économie russe à court terme », mais qui va également profondément changer la manière de s’approvisionner des Européens. Il s’agit d’« une restructuration de notre économie » d’après le président.
Sur proposition de la commission, le Conseil a également décidé d’accroître son soutien à l’économie ukrainienne en injectant 9 milliards d’euros.
Le Conseil européen entend poursuivre l’Agenda de Versailles tourné vers une autonomie stratégique et vers une indépendance du pétrole et du gaz russe.
En matière de défense, la commission propose de « dépenser davantage et d’investir », de se tourner vers des programmes de construction commune et d’achat commun (programme européen de défense). Emmanuel Macron précise que « l’Europe a besoin de s’équiper davantage, d’acheter davantage et de bâtir une base industrielle, technologique, de défense plus forte ». L’argent déployé doit s’accompagner d’une stratégie industrielle pour éviter d’acquérir des équipements fabriqués en dehors de l’Union européenne, car pour le président, « Construire notre souveraineté, c’est aussi bâtir des équipements qui sont faits par les Européens pour les Européens. » Une stratégie qui doit se poursuivre dans les prochains mois grâce à des propositions « fortes » de la commission.
Des mesures en matière d’énergie
En matière d’énergie, dans le cadre de l’action conjointe, « REPowerEU », des accompagnements sont prévus pour les États nationaux, compte tenu de la volatilité des prix. Des mesures nationales seront prises pour faire face à la montée du prix du gaz et de l’électricité . Pour ce qui est de la France, depuis octobre dernier, l’État a pris des mesures permettant ce blocage en particulier sur le gaz et l’électricité.
C’est aussi l’occasion pour certains pays de couper des infrastructures existantes d’approvisionnement de fossiles russes et repenser les raffineries, ce qui implique un investissement. Celui-ci sera accompagné par l’action « REPowerEU » qui promet une action conjointe en faveur d’une énergie plus abordable, plus sûre et plus durable (une ébauche de plan visant à rendre l’Europe indépendante des combustibles fossiles russes bien avant 2030.)
Pour Emmanuel Macron, il faut tenir « ensemble 4 objectifs qu’il ne faut pas perdre de vue » : « les prix, notre indépendance, le climat et les finances publiques ».
La crise alimentaire
La question des céréales bloquées en Ukraine a fait l’objet d’une attention particulière en matière de sécurité alimentaire pour les acheminer vers les pays qui en ont le plus besoin, notamment le continent africain. Le Programme alimentaire mondial et l’Organisation mondiale du commerce devront veiller au surstockage effectué par certains États.
Le président a également tenu à saluer une nouvelle fois la mémoire du journaliste français tué en Ukraine.