Samedi matin, Jean-Luc Mélenchon a rencontré Grégory Doucet, le maire de Lyon pour s’inspirer des recettes du « laboratoire lyonnais ». Dans la foulée il a tenu une conférence de presse afin de présenter les candidats de la Nupes dans les 14 circonscriptions du Rhône pour les élections législatives.
Jean-Luc Mélenchon était de passage dans l’agglomération lyonnaise le samedi 4 juin. L’après-midi, il est venu prêter main-forte à Gabriel Amard, son gendre qui se présente dans la 6e circonscription du Rhône. Le matin, il a organisé une conférence de presse à l’Anticafé, dans le premier arrondissement de Lyon, en compagnie de Bruno Bernard, le président de la Métropole et de Grégory Doucet, le maire de Lyon, afin de présenter les quatorze candidats de la Nupes dans les circonscriptions du Rhône.
Auparavant, il s’était entretenu avec l’édile lyonnais dans les dorures de l’Hôtel de Ville. Ils ont pu discuter des politiques menées entre Rhône et Saône par les écologistes et leurs alliés de gauche, en matière sociale et environnementale. La Métropole mène par exemple une politique de désimperméabilisation des sols ambitieuse, elle favorise les déplacements à vélo, expérimente le Revenu Solidarité Jeunes, se démène pour proposer à ses habitants une alimentation de qualité et convertit ses cars de ramassage scolaire au biogaz. Du côté de la Ville, on s’engage du côté des Droits humains, on plante des arbres et on végétalise. Les élus locaux font preuve d’innovation, à tel point que l’on parle désormais du « laboratoire lyonnais ».
« À Lyon, 3/4 d’heure d’échange avec un maire qui a une pensée globale sur le monde urbain et sa reconquête par la vie humaine, en harmonie avec la nature. Passionnant », a indiqué Jean-Luc Mélenchon dans un tweet publié le jour même.
« Je l’ai pillé, je suis resté trois quarts d’heure avec lui, je lui ai vidé le cerveau et je repars avec deux valises bien pleines d’idées », a-t-il affirmé avec la gouaille qui le caractérise lors de la conférence de presse.
Grégory Doucet parle « d’une réunion de famille »
Avant cela Grégory Doucet avait parlé « d’une réunion de famille ». « Nous sommes tous engagés dans quelque chose qui est bien plus grand que nous : la défense de l’intérêt des biens communs, de l’intérêt général, la conscience des enjeux climatiques, de l’effondrement de la biodiversité, mais aussi de l’accroissement des inégalités », a déclaré l’écologiste en guise de préambule.
« La Nupes, on l’a faite depuis 2020 » a continué le maire de Lyon, avant d’ajouter : « on a parlé de la ville de Lyon, mais aussi de ce que pourrait faire un pays ».
Bruno Bernard évoque le modèle lyonnais
« Nous sommes aux commandes de la métropole de Lyon, de la mairie de Lyon et de Villeurbanne, avec des majorités, Écologistes, Socialistes, Insoumis, Communistes… Donc pour nous, c’était assez naturel de travailler à un programme commun afin de proposer aux habitants une possible majorité autour de la justice sociale, autour de la transition écologique, et nous le montrons ici, depuis deux ans, dans tous les domaines », a déclaré Bruno Bernard, le président de la métropole de Lyon.
M. Bernard est revenu sur les politiques menées par la métropole de Lyon et s’est dit « très heureux de marquer notre soutien aux 14 candidats du département du Rhône, comme aux 577 candidats portés par la Nupes. »
La génération climat
Honneur a ensuite été laissé aux dames et à la jeunesse, puisque Marie-Charlotte Garin (EELV) et Aurélie Gries (France insoumise), qui sont respectivement candidates dans les 3e et 1re circonscriptions du Rhône, ont pris la parole.
Si elle est élue, Marie-Charlotte Garin, 26 ans, pourrait être une des plus jeunes députées de l’Assemblée nationale, elle qui est née « la même année que la première COP 21 ». Elle a parlé du rapport Meadows, celui du Club de Rome, intitulé « Les limites de la croissance » ,écrit en 1972, « alors qu’elle n’était pas née ». Marie-Charlotte Garin incarne cette « génération climat » qui « ne rêve » plus selon elle.
« On ne rêve pas lorsqu’on appartient au quart des 18-24 ans qui vivent en dessous du seuil de pauvreté en France. Ce chiffre c’est un appel à la colère, un appel à l’indignation. C’est cette indignation qui m’a poussée à m’engager », a-t-elle expliqué.
L’écologiste a parlé de « jeunesse », d’« éco-anxiété » et de « féminisme ».
« Avec cette candidature il s’agit bien de faire entrer une jeune femme de 26 ans, militante féministe, à l’Assemblée nationale, à l’heure où la moyenne d’âge est le double, et où la composition de ce gouvernement insulte des millions de gens en France », a annoncé Mme Garin.
Aurélie Gries a parlé « d’une Union que certains attendent depuis 25 ans », d’un « programme de rupture avec le monde libéral actuel ». « Un programme de transformation qui préfère gouverner selon les besoins des humains et de la nature plutôt que par les demandes du Capital. Il préfère la vie et le bien-être de nos concitoyens au bénéfice des investisseurs », a-t-elle déclamé.
L’Insoumise a rappelé que « durant les deux dernières années, les plus riches ont vu leur fortune augmentée de 230 milliards d’euros, alors que plus de 2 millions de personnes vivent avec le RSA ».
« À Lyon, que l’on présentait comme une ville imprenable, nous siégeons ensemble dans l’intérêt de toutes et de tous », a-t-elle ajouté avant d’évoquer les scores flatteurs de la gauche dans la région lyonnaise, lors de l’élection présidentielle. « 31,1 % pour l’Union populaire », « 41 % pour le bloc de gauche », a-t-elle rappelé.
Un Jean-Luc Mélenchon tout reverdi
Au contact de cette « génération, née en pleine conscience de la nécessité d’une rupture radicale du monde avec lequel on vit », Jean-Luc Mélenchon a semblé tout reverdi. Dans le terreau lyonnais, il a tenu un discours résolument écologique.
« Ma génération a fait durer une inconscience des fois pleine de bonne volonté qui nous a amenés jusqu’au point où nous sommes aujourd’hui » a-t-il philosophé.
Il s’est souvenu du scepticisme des militants de gauche quand le rapport Meadows était sorti, de sa présence à la première COP 21, « mais le sentiment d’urgence n’était pas là ».
« Quand René Dumont a levé son verre d’eau de façon prémonitoire, prophétique, révolutionnaire, j’ai pensé que le développement des forces productives aurait vite fait de régler le problème posé. Entre-temps, on a vidé la mère d’Aral », a-t-il concédé.
« Nos générations se retrouvent pour dire que plus jamais on ne reportera les décisions qu’il y a à prendre », a prévenu le leader de la France insoumise.
ll a parlé du Golf Stream, de la sécheresse qu’il pourrait avoir à gérer cet été, s’il est élu Premier ministre.
« On va être confronté à des défis majeurs qui vont amener notre peuple à réfléchir sous l’angle de l’intérêt général humain, comme le recommande le maire de Lyon », a déclaré un Jean-Luc Mélenchon visiblement conquis.
Un accord historique
Le leader de la France insoumise s’est également félicité de « cet accord électoral ». « Il est unique dans l’histoire de notre famille politique. À aucun moment de l’Histoire, nous n’avons eu de candidature commune au premier tour des législatives », a-t-il affirmé.
« Le plus dur ce n’était pas pour nous les Insoumis, parce qu’on avait fait 22 %. Le plus dur, c’était pour les copains, d’accepter et de bâtir de la politique positivement et sans rancœur sur quelques choses qui, au premier coup d’œil, pouvaient paraître aussi déséquilibrées » a ajouté M. Mélenchon qui a remercié ses « camarades », notamment « socialistes » et « EELV ».
Jean-Luc Mélenchon a repris la formule de Grégory Doucet : « Nous avons tous entre les mains quelque chose de plus grand que nous », témoignant ainsi qu’il était sur la même longueur d’onde que les élus lyonnais.
Le leader de la France insoumise a conclu en souhaitant bonne chance à tous les candidats de la Nupes aux législatives, affirmant que « les députés sont là pour faire la politique de la nation, d’un pays qui est la sixième puissance du monde ; donc, notre responsabilité est immense ».