Depuis 2018, le 7 juin est la Journée mondiale de la sécurité sanitaire des aliments. L’Assemblée générale des Nations unies est à l’origine de cet évènement, qui est mis en œuvre par l’OMS et l’Organisation des Nations unies, pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
« Les maladies d’origine alimentaire touchent chaque année 1 personne sur 10 dans le monde », selon l’OMS. Il existe plus de 200 maladies qui sont liées à une mauvaise alimentation. Certaines sont bénignes, d’autres mortelles.
Avec 600 millions de cas de maladies d’origine alimentaire par an, les aliments impropres à la consommation représentent une menace pour la santé et pour l’économie. Elles touchent en particulier les personnes vulnérables et marginalisées, notamment les femmes, les enfants, les populations en proie à des conflits et les migrants. On estime qu’environ 420 000 personnes dans le monde meurent chaque année après avoir ingéré des aliments contaminés, et que les enfants de moins de 5 ans supportent 40 % de la charge imputable aux maladies d’origine alimentaire, ce qui inclut 125 000 décès par an.
L’OMS et la FAO mettent en œuvre la Journée mondiale de la sécurité alimentaire
L’Assemblée générale des Nations unies a créé la Journée mondiale de la sécurité sanitaire des aliments, en 2018, pour sensibiliser sur cette question importante.
L’OMS et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) mettent en œuvre la célébration de cette journée en collaboration avec les États membres des Nations unies et d’autres partenaires.
Cette année l’Organisation mondiale de la Santé et la FAO ont profité de l’occasion pour lancer la campagne, « Des aliments plus sûrs, pour une meilleure santé », afin de souligner le rôle que jouent des aliments sains et nutritifs pour assurer la santé et le bien-être de la population mondiale.
La Journée mondiale de la sécurité alimentaire a été célébrée dix jours après l’adoption de la Stratégie mondiale actualisée de l’OMS, pour la sécurité alimentaire. Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’OMS, est revenu dessus lors d’une visio organisée le 7 juin par l’Organisation mondiale de la Santé et la FAO.
Le Dr Tedros a annoncé que « Lors de l’Assemblée mondiale de la Santé de cette année, les pays ont approuvé la nouvelle stratégie mondiale pour la sécurité alimentaire. S’engageant pour la première fois à réduire les maladies d’origines alimentaires comme la diarrhée, à renforcer et améliorer la coordination. Les pays se sont également engagés à mettre en œuvre la stratégie avec les politiques et les programmes existants en matière de sécurité alimentaire ».
Le directeur général de l’OMS a indiqué que « La nourriture devrait être une source de plaisir. Mais bien trop souvent, cela devient source de maladie et de mort. Les aliments insalubres sont responsables de plus de 400 000 décès évitables chaque année. Nous devons tous nous engager pour des aliments plus sûrs et pour une meilleure santé ».
Le Dr. Qu Dongyu, le directeur du FAO, a quand à lui rappelé que « chacun où qu’il soit a le droit de disposer d’une alimentation suffisante, sûre et nutritive ».
La nécessité de transformer les systèmes alimentaires pour améliorer la santé
Dominique Burgeon, le directeur du bureau de liaison de la FAO à Genève et Naoko Yamamoto, la sous-directrice générale de l’OMS et ancienne ministre de la Santé et du Bien-être du Japon, ont parlé de la nécessité de transformer les systèmes alimentaires pour améliorer la santé.
« Nous devons améliorer la sécurité sanitaire des aliments pour lutter d’une part contre les maladies et la mortalité liée à l’alimentation malsaine, et lutter contre la malnutrition des enfants, mais aussi des personnes âgées. La santé mentale et physique est meilleure chez les personnes qui se nourrissent sainement. Il en va de même pour la productivité des gens qui travaillent. L’accès à une alimentation seine et nutritionnelle permet de soutenir la vie, promouvoir la santé et la prospérité de toute la société », a indiqué Mme Yamamoto.
Le français Dominique Burgeon est revenu sur « le commerce alimentaire » et a rappelé aux entreprises de l’agroalimentaire que « La réputation est essentielle, une bonne réputation en tant qu’exportateur vous donne plus de chance d’être bien placé sur les marchés ».
Il a également évoqué le « Codex alimentarius qui implique 188 pays membres de l’OMS et compte 342 partenaires ». C’est un programme commun qui unit l’OMS et la FAO depuis 1963. Il consiste en un ensemble de normes, qui ont pour objectif la sécurité sanitaire des aliments, la protection des consommateurs et des travailleurs des filières alimentaires et la préservation de l’environnement.
M. Burgeon a rappelé que la FAO avait vocation à « soutenir les pays pour avoir des systèmes de sécurité sanitaire solide en établissant des partenariats » ; « créer des outils, des orientations, faisant en sorte que ces directives soient sûres, pour s’assurer que les consommateurs fassent des choix avisés ».
Elle peut également « influencer les politiques des gouvernements notamment au niveau de l’impact des nouvelles technologies et des nouveaux aliments comme les méduses, les insectes, les cellules qui représentent de nouveaux défis pour les chaînes d’approvisionnement ».
Le Français est également revenu sur l’impact du changement climatique autour de la sécurité alimentaire. « La fréquence de plus en plus importante des catastrophes naturelles a un impact sur l’entreposage, le transport, sur le prolongement de la durée de vie des aliments. L’augmentation de la température peut augmenter la virulence de certains pathogènes comme la salmonelle, ou de certains contaminants comme les mycotoxines », a-t-il affirmé.
Des exemples concrets pour améliorer la consommation d’une alimentation sûre et durable
Plusieurs exemples visant à améliorer la consommation d’une alimentation sûre et durable à travers le monde ont également été évoqués.
À commencer par la reprise en main des « Wet Markets », qui avaient fleuri à Singapour après l’indépendance en 1965, par le gouvernement. Les conditions d’hygiène étaient mauvaises, la gestion des déchets insuffisante et les maladies telles que le choléra et la typhoïde étaient fréquentes. Le gouvernement de Singapour a déplacé ces marchés, les ouvertures d’étals ont été soumises à l’octroi de licences et les nouveaux marchés offraient l’eau courante. Les aliments crus ont été séparés des aliments cuits afin d’éviter les risques de contaminations croisés. Dans les années 1990, l’abattage des volailles a été interdit et confiné dans des usines pour éviter les zoonoses. Le climat tropical n’arrangeait pas la situation, notamment pour la transformation de viande et une véritable chaîne du froid a été installée dans chaque marché. Aujourd’hui il y a 140 Wet markets à Singapour, avec 14 000 étales et les commerçants sont formés et soumis à des contrôles fréquents.
En Inde, l’approche de la ferme à la table a été déployée dans un grand nombre d’écoles, afin de garantir aux élèves une bonne santé grâce à une alimentation saine. Tous les employés sont formés et les fournisseurs sont contrôlés par un système d’audit. L’alimentation est produite dans les cantines et tous les produits sont cuits. Les emballages sont également surveillés. L’inox est privilégié.
Tom Highland, le secrétaire du Codex alimentarius de la FAO est venu clôturer cette visioconférence en racontant l’anecdote d’un ami qui s’était intoxiqué lors d’un repas, dans un restaurant de Rome, ville où siège la FAO. « L’intoxication alimentaire ne devrait pas être considérée comme quelque chose de commun. Nous ne voulons pas que ces maladies se perpétuent. Le Codex aura 60 ans l’année prochaine et nous allons continuer à veiller au grain », a-t-il conclu.