Emissions Analytics a publié une enquête comparant les particules fines liées aux échappements récents à celles rejetées par les pneus et les plaquettes de freins. Celles-ci seraient jusqu’à 1850 fois plus nocives pour l’atmosphère.
On le sait, les voitures, qu’elles roulent à l’essence ou au diesel, émettent une grande quantité de particules fines. Ces dernières, à très haute exposition, peuvent provoquer une irritation du nez, des yeux, de la gorge, voire des maux de tête et ce, même pour une personne en bonne santé. À long terme, les effets sont encore plus graves, on parle de diminution des capacités pulmonaires, de développement de maladies cardiovasculaires et de cancers des poumons.
Cependant, selon l’Ademe (l’Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie), si les filtres à particules ont grandement contribué à la diminution d’émission de particules liées à l’échappement, reste encore le problème d’émission de particules liées aux freins ainsi qu’aux pneumatiques. Ces derniers participeraient à plus de la moitié des émissions de particules fines directement liées à nos véhicules. Plus les pneumatiques sont imposants, plus leur taux d’émission de particules fines est important.
En 2018, l’Agence fédérale pour l’environnement allemande (de son vrai nom : UmweltBundesamt) a affirmé que chaque année l’usure des pneumatiques émettait près de 14 000 tonnes de particules (PM 10 : soit des particules inférieures à 10µm).
Emissions Analytics, une société spécialisée dans la mesure des émissions et de l’efficacité énergétique des véhicules
Emissions Analytics, une société britannique indépendante, spécialisée dans les tests et l’analyse des données pour la mesure scientifique des émissions réelles et de l’efficacité énergétique des véhicules, a réalisé une enquête sur 14 marques de pneus testés sur une Mercedes Class A. Elle démontre que l’usure des pneus serait jusqu’à 1850 fois plus nocive pour l’atmosphère que les pots d’échappement.
« La citation de tels ratios nécessite cependant une interprétation prudente. Les tendances fondamentales qui déterminent ce ratio sont les suivantes : les émissions de particules d’échappement sont beaucoup plus faibles sur les voitures neuves, et les émissions d’usure des pneus augmentent avec la masse du véhicule et l’agressivité du style de conduite », indique la société britannique.
Cela concerne les SUV avec un poids moyen de 1 445kg contre 1 218kg pour les autres véhicules, mais également les voitures électriques. En effet, les batteries nécessaires au fonctionnement de ces véhicules pèsent un poids conséquent, ainsi la Renault Zoé, la voiture électrique la plus vendue de 2020, affiche un poids avoisinant les 1 468kg, dont 310kg pour la batterie à elle seule.
« Une demi-tonne de poids de batterie peut entraîner des émissions de pneus près de 400 fois supérieures aux émissions d’échappement réelles. Néanmoins, il est important de dire qu’un conducteur de voiture électrique, avec l’avantage du freinage régénératif, peut plus qu’annuler les émissions d’usure des pneus dues au poids supplémentaire de son véhicule, pour obtenir une usure des pneus inférieure à celle d’un véhicule à moteur à combustion mal conduit », explique Emissions Analytics.
L’entreprise britannique a également analysé les produits chimiques contenus dans 250 modèles de pneus. « Nos recherches montrent que les pneus les moins toxiques sont trois fois moins toxiques que les pires », affirme la société britannique qui considère que cela représente potentiellement « un moyen efficace de réduire l’usure et la toxicité grâce à des incitations économiques et à la réglementation ».