Dans son nouveau rapport sur la santé mentale, l’OMS exhorte les nations à intensifier leurs efforts en matière de prise en charge des troubles mentaux alors que près d’un milliard de personnes souffrent de problèmes psychiques. La crise sanitaire, la guerre et le dérèglement climatique sont des facteurs aggravants.
L’Organisation mondiale de la santé a publié le 17 juin le rapport le plus ambitieux sur « la santé mentale dans le monde depuis le début du siècle ».
Il en ressort qu’en 2019, près d’un milliard de personnes vivaient avec un trouble mental, soit une personne sur huit. Cela concerne une personne sur cinq, dans les zones ayant connu un conflit au cours des dix dernières années. Le suicide représente plus d’un décès sur cent. Les personnes atteintes de troubles mentaux graves vivent en moyenne 10 à 20 ans de moins que le reste de la population. Les abus sexuels et les brimades pendant l’enfance sont les principales causes de dépression.
L’OMS dénonce la stigmatisation, les discriminations et les violations des droits de l’Homme des personnes souffrant de troubles mentaux. Seulement 21 % des pays ont des plans qui prennent en compte les droits humains.
La dépression et l’anxiété ont augmenté de plus de 25 % au cours de la première année de la crise sanitaire.
« La pandémie de Covid-19 a mis en évidence les liens étroits entre la santé mentale et la santé physique », indique Tédros Adanom Gebreyesuss, le directeur général de l’OMS.
La pandémie a aggravé une situation déjà critique. Avant l’épidémie de Covid-19, 71 % des personnes atteintes de psychose dans le monde n’avaient pas accès aux soins.
« Le changement climatique est un autre facteur d’aggravation des troubles mentaux », précise Dévora Kestel, la directrice du Département Santé mentale et Toxicomanie de l’OMS, qui a contribué à ce rapport.
Dans son rapport publié le 17 juin, L’OMS dénonce également les inégalités. 70 % des personnes atteintes de psychose seraient traitées dans les pays à revenu élevé, contre 12 % dans les pays à faible revenu.
Concernant la dépression, la prise en charge est insuffisante, y compris dans les pays à revenu élevé. Seulement un tiers des personnes souffrant de dépression y reçoivent des soins. 23 % ont accès à un traitement. Ce chiffre tombe à 3 % dans les pays à revenu faible et intermédiaire inférieur.
L’OMS regrette que seulement 2 % des budgets nationaux de la Santé et moins de 1 % de l’aide internationale soient consacrés à la santé mentale.
Dans son rapport l’OMS formule plusieurs recommandations.
Antonio Guterres, le directeur général des Nations unies explique que ce rapport « est une feuille de route destinée à aider les pays à améliorer leurs politiques en matière de santé mentale ». L’OMS a aussi élaboré une formation disponible en ligne, afin d’inciter tous les acteurs de la santé mentale à adopter les bonnes pratiques.
L’Organisation mondiale de la santé invite toutes les parties prenantes à travailler ensemble pour améliorer la prise en charge des maladies mentales. Elle demande notamment à ses pays membres d’augmenter leurs investissements, et de mieux inclure les personnes souffrant de troubles mentaux dans tous les aspects de la société, pour lutter contre les stigmatisations et les discriminations.
L’OMS insiste sur la prévention et exhorte les pays à lutter contre les facteurs aggravants que sont les violences conjugales, la maltraitance des enfants ou le harcèlement. Elle réclame également l’interdiction des pesticides dangereux qui sont associés à un cinquième des suicides dans le monde. Selon Andrew Little, le ministre de la Santé de Nouvelle-Zélande, « l’interdiction des pesticides au Sri Lanka a entrainé une diminution de 70 % du nombre de suicides ».
L’Organisation mondiale de la santé préconise également d’augmenter les espaces verts qui favorisent une bonne santé mentale.
Elle conseille aussi à ses pays membres de favoriser les soins de proximité, de créer des réseaux diversifiés, interconnectés et intégrés aux soins de santé généraux. L’OMS recommande également l’utilisation des technologies numériques afin de fournir des soins à distance.
« Chaque pays peut faire des progrès significatifs vers une meilleure santé mentale pour sa population. Qu’il s’agisse d’élaborer des politiques et des lois plus strictes en matière de santé mentale, de couvrir la santé mentale dans les régimes d’assurance, de développer ou de renforcer les services communautaires ou d’intégrer la santé mentale dans les soins de santé généraux, les écoles et les prisons, les nombreux exemples de ce rapport montrent que les changements stratégiques peuvent apporter une grosse différence », affirme Dévora Kestel.
Le directeur général de l’OMS évoque « Les liens inextricables entre la santé mentale et la santé publique, les droits de l’homme et le développement socio-économique ». Dans un tweet publié le 18 juin, il affirme qu’ « Investir dans la santé mentale est un investissement pour une vie meilleure et un avenir pour tous ».