La semaine passée, la région Auvergne-Rhône-Alpes, et plus généralement la France, ont connu un épisode caniculaire précoce. Pour permettre aux Lyonnais de faire face aux vagues de chaleur de plus en plus fréquentes, la Métropole se transforme.
Le vendredi 17 mai, lors d’une conférence de presse organisée par la Métropole à propos de la carte des lieux frais, la région est passée en vigilance orange pour canicule. Le moment tombait à pic, témoignant une fois encore des conséquences immédiates du réchauffement climatique, et de la nécessité pour la population de s’y adapter.
Les enjeux de la Métropole face au dérèglement climatique, Bruno Bernard, président de la Métropole, a tenu à rappeler le nouveau rapport du GIEC, publié le 4 avril 2022, et les trois enjeux qui en découlent pour la Métropole. Premièrement, le Grand Lyon souhaite “participer à la diminution des émissions à son niveau”. Dans ce cadre, le Plan Climat propose des actions concrètes pour accélérer la transition écologique de la ville . Deuxièmement, Bruno Bernard souhaite “transformer la Métropole pour diminuer l’intensité des pics de chaleur. » Cela concerne spécifiquement la végétalisation de la ville, plus explicitée par Béatrice Vessillier. Finalement, le dernier enjeu serait d’adapter le comportement des habitants et de protéger les plus fragiles, notamment nos anciens. La carte des lieux frais est un premier pas dans cette direction.
Protéger les personnes à risque lors des épisodes caniculaires
En période de canicule, les personnes vulnérables sont forcément les plus touchées, et la Métropole se doit de les protéger, en partenariat avec l’Agence régionale de Santé, les associations, les Ehpad… Lorsque la vigilance orange est déclarée, le Grand Lyon prend des mesures de précautions: il appelle les personnes recensées comme fragiles, et s’il n’y a pas de réponses, des agents se déplacent pour voir si les personnes concernées vont bien. Pour Pascal Blanchard, vice-président délégué à la santé, aux personnes âgées et au handicap, “les pics de chaleurs que nous traversons ne sont que les prémices de ce que nous allons vivre dans les prochaines années”. De ce fait, “les dérèglements climatiques pèsent sur toutes les politiques de la Métropole”, notamment sur le secteur médico-social, déjà sous tension.
L’importance de l’aménagement urbain
Pour Béatrice Vessiller, vice-présidente à la Métropole chargée de l’urbanisme et du cadre de vie, l’important aujourd’hui est de “modifier la Métropole pour l’adapter au réchauffement climatique ». La priorité est de mener de nouveaux projets urbains en prenant en compte cette contrainte climatique, puis ensuite de réhabiliter les bâtiments déjà debout. Ainsi, la Métropole privilégie la végétalisation des espaces publics, afin de créer des îlots de fraîcheur sur le territoire. Le Grand Lyon a aussi pour projet de végétaliser un maximum les espaces de stationnement et de circulation, par exemple les nouvelles lignes de tram T9 et T10. Au total, ça serait plus de 40 hectares de terre désimperméabilisée et une diminution significative de la température du sol.
Ensuite, une attention particulière est portée à la ventilation et à l’ensoleillement naturel dans la construction de nouveaux bâtiments. Cela se traduit concrètement par la construction de bâtiments 22-26 à Confluence, visant à atteindre 22° en hiver et 26° en été sans chauffage ni climatisation. Le “confort d’été”, ajouté au référentiel “écorénov”, est aussi étudié pour améliorer le confort thermique en période estivale.
Dernier exemple, la Métropole a modifié récemment l’article 3 du PLU-H (le Plan Local d’Urbanisme et de l’Habitat) afin de privilégier la végétalisation dans les constructions privées. En plus d’augmenter la part de la végétalisation en pleine terre, la Métropole veut limiter les parkings souterrains en les creusant moins profond, afin de préserver les nappes phréatiques. Pierre Athanaze, vice-président délégué à l’environnement, la protection animale et la prévention des risques, insiste sur la baisse importante d’eau dans les nappes phréatiques, qui aura des conséquences à court terme sur l’industrie et l’agriculture. Pour pallier cela, la Métropole a lancé le projet Ville perméable, visant à déployer des moyens pour la gestion des eaux pluviales et la désimperméabilisation des sols, à sensibiliser à la question de l’eau avec la démarche participative Eau futuRE, et va reprendre en janvier la compétence de la gestion de l’eau avec la création de la Régie publique de l’eau.
En somme, Béatrice Vessiller souhaite créer une ville “perméable, végétalisée, résiliente et où il fait bon vivre”.
Le réaménagement de la Darse de Confluence
La Darse de la Confluence dans le 2e arrondissement de Lyon est un parfait exemple montrant la volonté de la Métropole de créer une ville adaptée aux vagues de chaleur. Aménagée en 2008, elle était peu végétalisée: elle comptait seulement 3 frênes et 12 arbres. Désormais, 44 arbres figurent au bord de l’eau. Cela constitue un îlot de fraîcheur pour les habitants. En effet, on observe une différence de 3 voire 4 degrés en moins grâce à l’ombre, mais aussi grâce à l’évapotranspiration des arbres. Cette place est bien sûr indiquée sur la carte des lieux frais. Pierre Athanaze explique que les arbres ont été plantés dans des fosses continues, leur permettant de communiquer entre eux, grâce aux racines et champignons, et ainsi d’être plus résistants.
Le vice-président insiste sur la nécessité de planter des arbres, selon lui, ils sont nos “meilleurs amis”. Ainsi, plus de 4 000 arbres ont été plantés dans la métropole en un an, en ville, mais aussi dans les espaces ruraux. De plus, des “arbres de pluie” ont été développés avec l’Agence de l’Eau. Les arbres de pluie disposent de tranchées à leur pied afin que l’eau puisse s’infiltrer en profondeur dans la terre.
Nous voyons à travers cet exemple que la métropole peut être réaménagée afin de végétaliser la ville. Cependant, certains espaces sont classés au patrimoine mondial de l’Unesco (comme la place Bellecour), et seront donc plus difficiles à déminéraliser. La place des Terreaux est également un cas particulier, puisque depuis son réaménagement par Daniel Buren, toute modification doit se faire avec l’accord de l’artiste. Pour planter des arbres dans le Darse de Confluence, il a également fallu demander l’accord de l’architecte François Grether.
Retrouvez dans la vidéo ci-dessous la Conférence de presse en partie, donnée par le président de la Métropole et ses vice-présidents.