Le 19 juin, veille de la journée internationale des réfugiés, s’est tenu une journée de solidarité aux mineur.e.s isolé.e.s au théâtre des Trois Gaules. C’était notamment l’occasion pour eux de montrer ce qu’ils ont appris à la boxe populaire de la Croix-Rousse. Un club ouvert à toutes et tous.
Un vrai lien s’est tissé entre les Mineurs non accompagnés (MNA) et la population, notamment depuis l’occupation du collège Maurice Scève en octobre 2020, sur le plateau de la Croix-Rousse. Le collectif soutien/migrants Croix-Rousse est toujours mobilisé pour assurer leur hébergement, le ravitaillement, le suivi médical et quelques activités culturelles. C’est par exemple le cas au Chemineur, où les bénévoles de l’association apportent leur soutien aux mineur.e.s isolé.e.s. Tous les mois, depuis bientôt neuf mois, le collectif organise un évènement pour récolter des fonds.
Les dimanches solidaires
Le 19 juin, un nouveau dimanche solidaire a été organisé de 11 h à 20 h au Théâtre des Trois Gaules, dans le premier arrondissement de Lyon. Le public a notamment pu danser au rythme de l’Afro-funk du groupe Supergombo, mais l’évènement phare de la journée était sans aucun doute les matchs de boxe organisés par le club de la Boxe populaire de la Croix-Rousse « dont le principe fondamental est l’accès pour toutes et tous à la boxe » selon l’un de ses membres qui a arbitré les combats. « On accueille beaucoup de réfugiés mineurs qui sont dans les squats, chez Gemma, au Chemineur ou à la Marmitte. Quand ils arrivent, ils n’ont pas d’argent, ils n’ont pas de papiers, donc ils n’ont pas accès au sport », ajoute-t-il.
« Le dimanche solidaire, c’est une fête qu’on organise une fois par mois, c’est un évènement où il y a des concerts, des ventes de gâteaux, nourriture, boisson, afin de récolter des fonds pour soutenir les mineurs isolés étrangers qui sont à Lyon et qui vivent dans des squats ou à la rue. Ils participent très activement à l’évènement aussi », confirme Lisa, boxeuse professionnelle, coach de boxe à la Boxe populaire Croix-Rousse et bénévole au sein du collectif soutien migrant.
« Ça permet à ces jeunes qui manquent énormément d’activité ici, et qui s’entraînent très dur pour apprendre cette discipline, de venir montrer ce qu’ils font toute l’année », ajoute Lisa.
La Boxe populaire Croix-Rousse
C’est le cas par exemple de Koné, qui a commencé la boxe il y a trois mois, un sport qui lui « plait beaucoup ». Il est surnommé la main de dieu, « parce qu’il frappe fort comme la main de dieu » d’après son copain Fred, qui a l’habitude de l’affronter. Koné loge au Cafémineur à Jean-Macé. « Le premier mai, il n’y a pas de bus, mais Koné est venu à pied faire ses deux heures d’entraînement et après il est retourné à Jean-Macé, ça montre sa détermination », nous a expliqué l’arbitre de la Boxe populaire Croix-Rousse. « Son copain Fred, n’avait pas le niveau physique ou technique pour boxer avec Koné, mais il a accepté de boxer avec lui pour que Koné ait la possibilité de montrer ce qu’il a appris, pour qu’il puisse montrer son travail. C’est ça les valeurs du club », ajoute-t-il. Il s’en est d’ailleurs très bien sorti. Malgré leur amitié, le combat était engagé. Des squatteurs de chez Gemma seraient également revenus s’entraîner, juste après l’incendie, ce qui témoigne de leur motivation.
Son copain Oumar, qui a été extrêmement vaillant contre un adversaire plus puissant, était enthousiaste avant le combat. « Je suis content parque je vois beaucoup de spectateurs, ça va être fantastique », nous confiait-il.
La présomption de minorité
« La somme récoltée lors de cette journée de solidarité permettra de subvenir aux dépenses, aux besoins alimentaires jusqu’à septembre », selon Sophie, membre du collectif soutien/migrants Croix-Rousse.
« On en est au neuvième dimanche solidaire, pour récolter l’argent nécessaire au soutien de ces jeunes mineur.e.s isolé.e.s qui sont en recours pour la reconnaissance de leur minorité », explique Gérard du collectif soutien migrants.
Pour rappel, la protection des mineur.e.s isolé.e.s est une compétence de la métropole de Lyon qui délègue l’évaluation de minorité de ces jeunes à Forum réfugié. Quand ils ne sont pas reconnus mineurs, ils ont le droit à un recours, mais entrent dans une zone grise. Ils deviennent des « mijeurs », qui ne peuvent plus être pris en charge par la Métropole ni par la préfecture qui s’occupe des majeurs.
« On a rassemblé un certain nombre de collectifs au niveau national dans différentes villes, et aussi des associations et des organisations nationales, comme la Ligue des droits de l’homme, MSF… Ça fait 60 à 80 collectifs qui ont signé une tribune qui demandent que la présomption de minorité soit effective dans la loi et que les jeunes soient mis à l’abri, jusqu’à la rencontre avec le juge pour enfants, qui est le seul à même de décider s’ils sont mineurs ou pas », précise Anne du collectif.
« On soutient les mineurs isolés qui ne sont pas reconnus comme tel par la Métropole », ajoute-t-elle.
Lors d’une conférence de presse organisée le 20 juin, par la métropole de Lyon, à l’occasion de la journée mondiale des Réfugiés, nous avons souhaité interroger Renaud Payre, le vice-président de la métropole de Lyon, délégué au logement et à la politique de la ville, qui était présent sur cette question. Il a rappelé que le Grand Lyon avait « ouvert la Station » et s’apprête à « ouvrir la Station 2 », qu’« il y avait eu des mois de négociations avec les services de l’État », que la Métropole était « un des territoires les plus engagés sur cette question en France », mais qu’elle avait déjà « dépassé ses fonctions ».