Le lundi 27 juin s’est déroulé le premier round du conseil de la métropole de Lyon. Au programme : coup bas, tacles à la gorge, interruptions du combat et vote de mesures qui devraient permettre à la métropole de Lyon de continuer sa transition.
« La sociologie est un sport de combat », disait Pierre Bourdieu, la politique aussi. Et ce n’est pas la première journée du conseil de la métropole de Lyon qui se tient du 27 au 28 juin qui démontrera le contraire. Le président de la métropole de Lyon, Bruno Bernard, a donné le la, lorsqu’il a cité Michel Noir l’ancien maire de Lyon, lors de l’ouverture de la séance. « Mieux vaut perdre une élection que son âme », a déclaré l’écologiste glissant ainsi le premier tacle appuyé de la journée, à Emmanuel Macron coupable, selon lui, de ne pas avoir donné de consignes de votes et d’avoir ainsi joué le jeu du RN. Les ténors lyonnais.e.s de la Nupes avaient unanimement condamné.e.s la stratégie du président de la République, lors de la soirée du deuxième tour de l’élection législative.
« Vous avez donné les clefs au Lider Maximo », a rétorqué Philippe Cochet, le maire LR de Caluire, qui entamait ainsi une longue litanie de protestations et de coups bas, qui a atteint son paroxysme lorsqu’il a qualifié les élus de la Métropole issus de la gauche de « Trotskytses ».
« La Métropole n’est pas une forteresse assiégée au sein de laquelle vous siégez », avait entre temps asséné David Kimelfeld, l’ancien président de la métropole de Lyon qui semblait avoir lui aussi envie d’en découdre.
Dans cette ambiance électrique, les élus de la Métropole ont tout de même voté une série de mesures qui devraient améliorer la vie sur le territoire métropolitain.
Une prime exceptionnelle de 300 euros octroyée aux agents de la Métropole
À commencer par l’octroi d’une prime exceptionnelle de 300 euros pour les 9000 agents de la Métropole pour faire face à la perte de leur pouvoir d’achat « dans une période d’inflation », dixit Bruno Bernard. Le président de la métropole de Lyon a qualifié cette mesure, d’un montant de 2,7 millions d’euros, de « signal fort à destination de nos agents métropolitains. »
Le renforcement de la prime Écorénov
Les élus de la Métropole ont ensuite voté une rallonge de 21 millions d’euros pour renforcer la prime Écorénov et permettre le financement de travaux d’écorénovation, de 8000 à 9000 logements, lors du dernier trimestre 2022 et du premier trimestre 2023. « L’hiver prochain sera très difficile pour les familles », a prévenu Renaud Payre, le vice-président du Grand Lyon, délégué à l’habitat social et à la politique de la Ville. Il s’est également félicité des « 3000 logements par an » écorénovés sur le territoire métropolitain.
Dans un tweet publié le même jour, le président de la Métropole a indiqué que « la rénovation des bâtiments permet de lutter contre la précarité énergétique et nous permet de réduire notre consommation énergétique pour sortir des énergies fossiles ».
L’approbation du plan Métropole solaire
Le Grand Lyon a également adopté un « plan solaire » pour répondre « à l’urgence climatique », indique-t-il dans un communiqué.
« L’ensoleillement du territoire métropolitain (environ 2000 heures par an) est extrêmement propice à la production d’électricité et de chaleur solaire. Par ailleurs, au vu de la richesse de l’écosystème local impliqué dans la filière, il s’agit également d’un enjeu industriel fort », ajoute-t-il.
La métropole de Lyon souhaite encourager l’implication citoyenne, l’autoconsommation collective, le développement de projets photovoltaïques sur les fonciers ou bâtis publics et privés ainsi que l’agrivoltaïsme. Elle souhaite également permettre le développement de la filière solaire thermique et massifier la production d’électricité photovoltaïque sur les sites métropolitains.
Les élus du Grand Lyon ont également validé un projet de centrale photovoltaïque au sol à Saint-Priest, au lieu dit La Fouillousse.
La création d’une agence des mobilités
Des tensions sont à nouveau apparues au moment d’évoquer la création d’une Société publique locale mobilité (SPLM) qui va permettre de mettre en œuvre les politiques de déplacement du Sytral, du Grand Lyon et de la ville de Lyon. Cette entité permettrait d’avoir un abonnement unique pour les TCL, le RER, les Velo’v, les transports fluviaux ou le stationnement public. « Le fractionnement de compétences est un frein à l’accélération des changements des pratiques de mobilités », a déclaré Bruno Bernard.
Il s’en est fallu de peu pour que la création de la SPLM ne soit pas votée (65 votes pour, 55 contre). Sa future gouvernance a provoqué des débats houleux. Natalie Perrin-Gilbert, de Métropole en commun, a réclamé un vote à bulletin secret, afin de désigner les quatre représentants du Grand Lyon prévus au conseil de la SPLM. « Il n’y aura que des verts », s’énervait Louis Pelaez d’Inventer la Métropole de demain. Il n’allait pas se calmer de l’après-midi. La matinée s’est terminée en eau de boudin, des élus ont quitté la salle juste avant la pause déjeuner. À la reprise, ils ont demandé une suspension de la séance. Louis Pelaez, qui a été président de LPA, s’est inquiété du devenir de Lyon Parc Auto.
La présence de la seule ville de Lyon dans la structure a également suscité la polémique. Des élus ne comprenaient pas que des « villes qui font partie de la ZFE ne fassent pas partie de la SPLM. » Les écologistes ont tempéré en indiquant que d’autres communes pourront entrer ultérieurement.
La mise en œuvre du plan piéton sur l’ensemble du territoire
Les élus ont ensuite voté le Plan piéton. Il prévoit 25 millions d’euros qui « seront investis pour rénover les trottoirs existants dégradés, créer de nouveaux aménagements piétons, sécuriser les abords des établissements scolaires du territoire et en particulier ceux des collèges », indique la Métropole dans un communiqué.
Le vice-président de la Métropole délégué à la Voirie et aux mobilités actives, Fabien Bagnon, a détaillé ce plan qui prévoit « la création de nouveaux aménagements », « l’élaboration de documents de cadrages », un « guide des aménagements piétons » ou encore un « apaisement des rues existantes ».
Le maire de Lyon, Grégory Doucet a cité Hippocrate : « la marche est le meilleur remède pour l’homme. » Il a vanté les mérites de la marche à pied qui « est bonne pour la santé » et qui permet de « lutter contre les émissions ». Selon lui « il n’est pas normal que les villes se soient développées autour de la voiture, et que cela ait des conséquences fortes. » Il a indiqué sa volonté de « rendre la marche plus pratique et plus agréable », citant « le projet d’apaisement de la presqu’île ».
La présentation du schéma directeur des déchets
La vice-présidente de la métropole de Lyon, déléguée à la réduction des déchets, Isabelle Petiot, a par la suite présenté le schéma directeur des déchets qui vise à réduire de 25 % la production de déchets et de 50 % l’incinération des déchets d’ici 2030.
Elle a affirmé qu’il fallait « faire des déchets des ressources durables et développer des capacités financières de tri ».
Lancement d’une enquête publique à la rentrée dans le cadre de l’application du règlement local de publicité métropolitain
L’application du règlement local de publicité métropolitain a lui aussi soulevé des débats houleux. « Pourquoi avoir attendu deux ans pour présenter un texte quasi identique à celui que nous avions élaboré », a lancé David Kimefeld.
La maire LR de Sainte-Foy-lès-Lyon, Véronique Sarselli, s’est lancée dans une longue diatribe qui a provoqué les huées de la majorité et lui a valu un tacle à la gorge de la part de Philippe Guelpa-Bonaro. « Vous avez utilisé le mot régulation, ça n’a pas du être évident », lui a-t-il asséné.
« Je me félicite que ce premier Règlement local de publicité intercommunal, fruit d’une large concertation avec l’ensemble des communes et des acteurs concernés, recueille un large soutien des communes du territoire. Réduire la présence de la publicité, c’est permettre à tous les Grand Lyonnaises et Grand Lyonnais de bénéficier d’un cadre de vie apaisé et d’un environnement préservé », a indiqué Bruno Bernard dans un communiqué.
Dans un tweet il a précisé qu’il allait « être soumis dès cet été à une enquête publique. »
L’approbation du bilan de la concertation de projet d’aménagement de la Rive droite
Les élus de la Métropole ont ensuite abordé la requalification de la rive droite du Rhône, du tunnel de la Croix-Rousse à Perrache et évoqué la concertation qui s’est terminée en décembre 2021. Il en ressortait notamment un consensus sur la nécessité de remettre de la nature sur les quais. Les travaux devraient commencer en 2025 pour une livraison en 2028, pour un montant de 5,9 millions, plus 1,9 million sur le budget annexe.
Cela a remis une pièce dans la machine de M. Pelaez qui a pointé « l’absence d’études d’impact », comme sur « les Voies Lyonnaises » ou « la modification des feux ».
Il a également reproché « l’abandon du projet de la place Louis Pradel ».
« Nous assumons cet abandon d’un projet de 17 millions pour des questions de bonne gestion », a rétorqué Béatrice Vessiller, la vice-présidente de la Métropole en charge de l’urbanisme et du cadre de vie.
On l’aura compris ce premier round du conseil métropolitain a donné lieu à des débats animés, mais l’ensemble des propositions a été voté. D’autres mesures devraient être prises le mardi 28 juin. Lesquelles ? Réponse au round 2.