Mardi 26 juillet, la Maison-Blanche a organisé un sommet sur l’avenir des vaccins qui réunissait des scientifiques, des membres de l’administration et des représentants de l’Industrie pharmaceutique. Le ministère de La Défense américain serait déjà à l’origine des vaccins ARN selon la directrice de la politique du Bureau de la Science et de la technologie de la Maison-Blanche. L’administration américaine pousse désormais fort pour aider son Industrie à développer des vaccins de nouvelle génération, des vaccins muqueux ou à large spectre. Dans le cadre de son Plan Marshall de réponse aux pandémies, elle souhaite étendre ces nouvelles technologies aux États-Unis et partout où un Coca-Cola peut aller.
« Le sommet sur l’avenir des vaccins » a été organisé à l’initiative du Dr Ashish Jha, le Coordinateur de la réponse au Covid-19 de la Maison-Blanche, le mardi 26 juillet à Washington DC. Les grands pontes de l’administration américaine se sont sucédé et ont notamment fait l’apologie du partenariat public privé. « Une grande partie de l’innovation provient du secteur privé et de plus en plus les lignes s’estompent », a par exemple déclaré le Dr Ashish Jha.
La Maison-Blanche veut jouer un rôle de locomotive dans le développement de vaccins de nouvelle génération
La Maison-Blanche a de par les investissements colossaux qu’elle a réalisés durant la crise sanitaire joué un rôle de premier plan dans la réponse à la pandémie de Covid-19. Elle aurait « dépensé environ 3 milliards et demi de dollars pour la Recherche sur les coronavirus et environ un milliard et demi pour la recherche sur les vaccins », selon le directeur de l’Institut national des maladies allergiques et infectieuses et conseiller médical en chef du président, Anthony Faucci. La directrice générale de Vaccinity, Mae Mae Hue affirmera plus tard, lors d’une table ronde réunissant les représentants des grands groupes de la biopharmaceutique : « il faut mettre les choses en perspectives, cela ne représente pas plus de 0,1 % du budget américain pré-pandémique ou environ deux semaines de notre temps passé en Afghanistan ».
Anthony Faucci préfère souligner que « Le coût de ces investissements importants n’est rien comparé aux économies qui ont été réalisées ».
Toujours est-il que la Maison-Blanche veut désormais jouer un rôle de locomotive et elle pousse fort pour accélérer le développement de nouveaux vaccins.
Ashish Jah, a rappelé qu’aux États-Unis, « Les vaccins ont sauvé 2 millions de vies, évité 17 millions d’hospitalisations et nous ont fait économiser un milliard en frais de santé ».
De nouveaux vaccins pour répondre au sous-variant Omicron BA.5
Selon le Coordinateur de la réponse au Covid-19 de la Maison-Blanche, « les vaccins contre la Covid-19 sont formidables », « ils sauvent des vies », mais « Malgré le fait que les deux tiers de la population mondiale soient vaccinés, nous voyons encore beaucoup d’infections ». « Nous avons besoin de vaccins qui nous protègent quoique mère Nature est planifiée pour nous ». Lors d’un point sur la Covid-19 organisé le 27 juillet également, l’OMS affirmait que les infections et les nombres de décès augmentent à cause du sous variant Omicron BA.5. Le directeur du programme d’urgence sanitaire de l’OMS, le Dr Mike Ryan a donné une nouvelle explication : « La vaccination permet de vraiment protéger vos organes intérieurs », mais elle ne protègerait pas très bien les voies respiratoires.
C’est également le point de vue d’Anthony Faucci. « Le vaccin actuel protège en donnant un niveau astronomiquement élevé d’anticorps, mais au bout d’un moment cela diminue et il ne protège pas très bien les voies supérieures », affirme le directeur de l’Institut national des maladies allergiques et infectieuses et conseiller médical en chef du président.
Du coup, avec son NIH il pousse pour aider l’industrie pharmaceutique américaine à développer des vaccins de nouvelle génération. « Nous ne sommes pas de producteurs de vaccins, notre travail consiste à faciliter le travail des scientifiques, mais aussi de supprimer les obstacles qui sont sur leur route », a indiqué M. Faucci. Le NIH aurait déjà investi 43 millions et serait près à ressortir le chéquier afin de financer les universités qui travaillent en partenariat avec les groupes pharmaceutiques sur les deux pistes qui sont actuellement à l’étude : les vaccins muqueux ou intranasaux et les vaccins pan-coronavirus.
Les vaccins muqueux
« Le Spray intranasal stimule au niveau local, il ne protège pas seulement de la maladie, mais il protège de l’acquisition et de la transmission », ajoute M. Faucci.
Ce type de vaccin permettrait également « une réponse immunitaire plus rapide après une infection virale ». Il a aussi « l’avantage d’être sans aiguille ».
Les Américains ont déjà bien avancé sur ces vaccins de nouvelle génération. Quatre projets en sont au stade de l’essai clinique : Codagenix et Serum Institute of India à partir d’un virus de Sars-Cov-2 atténué ; Bharat Biotech avec la Washington University in St. Louis ; Icahn School of Medicine at Mount Sinaï et Path, enfin celui de Cyanvac LLC.
D’autres projets en sont au stade pré-clinique. On peut citer ceux d’Univercells et de Moderna.
Anthony Faucci affirme toutefois qu’il y a encore plusieurs challenges à relever dans le cadre du développement de ces nouveaux vaccins . « Nous avons besoin de modèles animaux et de méthodes mieux validés pour échantillonner et quantifier la réponse muqueuse », affirme-t-il avant d’évoquer, « les potentielles considérations sur le dispositif de délivrance administratif » ou « les exigences réglementaires qui doivent être clarifiées pour les partenaires industriels ».
Les vaccins pan-coronavirus
Une autre piste conduit aux vaccins pan-coronavirus, des vaccins qui seraient « efficaces contre tous les coronavirus connus ou inconnus », affirme M. Faucci. Deux stratégies sont étudiées : « utiliser un élément commun à tous les virus visés » ou une approche « mosaïque » en prenant de multiples parties du virus. Les vaccins actuels ne visent que la protéine Spike. « Nous ne nous contentons pas de rechercher la protéine, mais nous visons également d’autres parties, comme la protéine M1M » explique la directrice générale de Vaccinity Mae Mae Hue, qui travaille sur cette solution, mais elle confesse que ce sont « des régions controversées ».
Les projets de Gristone et celui de WKAR, Sanofi en partenariat avec le NIH d’Anthony Faucci sont déjà en essai clinique. D’autres projets sont en stade pré-clinique : Sk bioscience et protéine design, The Roffeller University avec Spycatcher nanoparticle, Dude Human Vaccine Institute et Protein nanoparticle, Whashingtion, University in Saint Louis, Georgia State University et Virus-Like Particle ainsi que celui d’UCI.
Parmi tous les vaccins présentés, certains utilisent un virus inactivé, mais beaucoup utilisent une technologie ARN parfois « augmentée ».
Le Dr Faucci a également indiqué l’importance de comprendre que le virus est passé par un hôte intermédiaire afin d’obtenir de bons vaccins. Il devrait s’intéresser au Chien viverrin qui est peut-être l’animal intermédiaire tant recherché cité dans une étude de virologues américains dans Science.
Selon M. Fauci, la pandémie de Covid-19 a permis de tirer de nombreuses leçons. Il est convaincu que « Des investissements cohérents dans la science fondamentale conduisent à des plateformes et à des vaccins hautement efficaces », qu’un « partenariat précoce avec l’industrie et les biotechs et un investissement majeur dans le développement et la fabrication, avant la preuve définitive de l’efficacité, ont conduit à un délai sans précédent pour la disponibilité de vaccins sûrs et efficaces ».
M. Faucci est un grand partisan des parcours cliniques accélérés. « Nous ne pouvons pas faire de développement de concept et de travail de preuves comme nous l’avons fait avec le VIH durant des décennies », a-t-il déclaré.
Le Plan Marshall de préparation à la pandémie
La directrice par intérim de la politique du Bureau de la Science et de la technologie de la Maison-Blanche, Alondra Nelson, a quant à elle expliqué en quoi consistait l’objectif de son administration : « à maximiser les avantages de la science et de la technologie pour faire progresser la santé, la prospérité, la sécurité, la qualité de l’environnement et la justice pour tous ».
Selon elle, « la technologie ARNm qui a conduit à deux vaccins Covid sûrs et efficaces est une technologie que notre département américain de la Défense a lancée il y a près de 10 ans, à travers un partenariat public-privé pour créer une plateforme sur laquelle nous pourrions construire un vaccin ». « Ainsi lorsque le monde s’est fermé, nous avions une longueur d’avance sur une solution avec le déploiement du vaccin le plus sûr et le plus rapide de l’histoire ».
Elle a rappelé que juste avant de prendre ses fonctions, « le président Biden a demandé ce que l’on pouvait apprendre de la pandémie pour répondre au plus large éventail de besoins liés à la santé ». Le premier jour de son mandat, le président a publié deux décrets : l’un sur la promotion de l’équité et l’autre sur le renforcement de la réponse des États-Unis à la Covid-19 de son leadership mondial en matière de santé et de sécurité.
Pour exaucer les souhaits du président, le Bureau de la Science et de la Technologie de la Maison-Blanche en partenariat avec le conseil de sécurité nationale et le conseil de politique intérieur ont élaboré le Plan américain de préparation à la pandémie.
L’un de ses grands axes est de stimuler l’innovation, le développement de la conception à la fabrication de vaccins capables de mettre un terme à cette pandémie et de répondre aux suivantes.
« Maintenant, nous travaillons avec l’administration Biden-Harris, en étroite collaboration avec nos partenaires mondiaux, pour accélérer le développement de vaccins Covid de nouvelle génération largement protectrice avec l’Agence américaine pour le développement international et la coalition pour les innovations en matière de préparation », a affirmé Mme Nelson.
« Avec le National Instituts Of Health, Bharta, l’autorité de Recherche et de développement bio médical, nous soutenons les innovations du secteur privé comme les vaporisateurs nasaux et les patchs cutanés au lieu des aiguilles pour administrer les vaccins. C’est un moyen plus confortable et accessible pour que tout le monde en Amérique et dans le monde puisse facilement en bénéficier », a-t-elle ajouté avant d’expliquer que « cet automne, nous publierons le premier rapport d’étape annuel du Plan Marshall de préparation à la pandémie ».
Mme Alondra Nelson comme Ashish Jah ont expliqué qu’il ne s’agissait pas que d’un travail scientifique. « Nous devons également suivre les sciences sociales, les sciences du comportement et adopter les outils de communication en santé publique davantage fondé sur les données probantes ».
« Les nouvelles technologies vaccinales elles-mêmes ne diminueront pas les hésitations des gens à se faire vacciner », a indiqué M. Jah.
Mme Nelson a évoqué le problème de stockage pour que les vaccins restent sûrs et efficaces. Pour, comme l’a affirmé un peu plus tard Mae Mae Hue, « faire en sorte qu’il y ait un vaccin partout où un Coca-Cola peut aller ».