Pendant six jours, une caravane solidaire publique, avec des personnels d’accompagnement social et médical, se déplace dans trois communes des Hauts-de-Seine pour venir en aide aux personnes qui ont du mal avec les démarches administratives. Un dispositif expérimental d’aide aux populations les plus précaires amené à se pérenniser.
Le département des Hauts-de-Seine et l’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France ont mis sur pieds, ou plutôt sur roues, une caravane solidaire qui se déplace dans trois villes, pour apporter une aide médico-sociale au plus près des citoyens. Du 26 juillet au 4 août, il est prévu qu’elle passe alternativement à Gennevilliers, Rueil-Malmaison et Antony, deux fois dans chaque commune à des endroits différents, de 8h30 à 17h30.
Les personnels présents sont à la fois issus de l’administration sociale et du monde des soins, recréant un réel service médico-social itinérant. D’un côté, des travailleurs sociaux, des professionnels de la Protection maternelle infantile (PMI), des conseillers insertion et emploi, et des agents de la Maison départementale pour les personnes handicapées (MDPH) se chargent d’aider les citoyens à accéder à leurs droits. De l’autre, des services de prévention et de soins sont proposés autour de l’addiction, du dépistage de cancers ou du diabète et de l’hypertension, et de la vaccination contre le Covid-19. La caravane regroupe à la fois des employés du département et de l’ARS, mais aussi beaucoup d’associations qui ont l’habitude de travailler sur le terrain.
« Aller-vers » les personnes en difficultés
Le projet vient du constat que les campagnes de prévention et d’information n’arrivent pas à toucher certaines populations. Eloi Simon, conseiller municipal de Gennevilliers, explique au Parisien que « les gens qui pourraient bénéficier d’aides n’en profitent pas car ils ignorent qu’ils peuvent y avoir droit ». Alexandra Fourcade, conseillère départementale déléguée aux séniors, à l’autonomie et à la santé, fait le même constat : « on s’aperçoit qu’il y a beaucoup de personnes qui sont extrêmement éloignées du soin en général et de la prévention en particulier, alors que ce sont souvent les populations les plus à risques ». Ces personnes sont généralement les plus précaires et les seniors, laissés de côté par le tout numérique.
L’idée de la caravane était alors logique pour Alexandra Fourcade : « ce sont les services publics qui vont au contact de la population et pas l’inverse. C’est une alternative aux guichets qui se déplace dans les territoires ». Ce projet s’inscrit dans le dispositif « aller-vers » du département, déjà déployé avec le Bus des femmes, et qui s’est renforcé avec la pandémie. Le but est de proposer une main tendue aux populations dans le besoin au plus près de chez eux, dans une démarche active. La caravane s’arrête au pied des immeubles, et des médiateurs s’occupent d’attirer les passants : « il ne faut pas uniquement attendre que les gens viennent dans la petite tente, il faut aller les chercher. Il faut vraiment faire ce travail de médiation sociale », explique Alexandra Fourcade, car « la seule manière de les attirer vers la santé publique, c’est d’aller vers eux ».
Un premier bilan positif
Dès les premiers jours, le dispositif semble avoir remporté un franc succès, avec 80 personnes à Gennevilliers mardi 26 juillet. « C’est assez significatif comme bilan, alors qu’il n’y a pas eu beaucoup de communication en amont », commente Alexandra Fourcade, « on voit donc qu’il y a une vraie demande ». Une habitante venue à la caravane, contente de retrouver du contact humain pour l’aider, témoigne auprès du Parisien : « on ne connaît pas nos droits vous savez, s’il n’y a pas une assistante sociale qui me reçoit et m’explique les démarches à suivre, je lâche l’affaire ».
La caravane solidaire n’est pour l’instant qu’une expérimentation qui permet aux services publics de récolter des informations pour affiner leurs dispositifs d’accompagnement. Alexandra Fourcade indique qu’une évaluation permettra à la fois « d’avoir une cartographie beaucoup plus fine des besoins, d’identifier les territoires et les populations qui sont particulièrement éloignés de l’information sur les droits et des soins », et « d’affiner les motifs qui ont conduit les personnes à venir à la caravane ». Le but est ensuite d’adapter l’offre par rapport aux demandes des usagers. La conseillère départementale annonce sa volonté de professionnaliser le bus à la rentrée afin de proposer une « offre déambulatoire pérenne », complétant les permanences hors les murs dans les centres sociaux, pour « cibler les besoins prioritaires ».
Cette caravane solidaire n’est pas sans rappeler le Bus des solidarités du Grand Lyon, un bus Info Santé Social qui mène des actions d’ «aller vers». La Métropole de Lyon vient de dévoiler le 30 mari dernier, le nouveau bus de ce dispositif qui existe depuis 1993 et avait été déployé à la base pour sensibiliser le public à la prévention contre le Sida avant de voire ses prérogatives s’élargirent au fil du temps.