Gilles Artigues, l’ancien Premier adjoint du maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau a décidé de porter plainte contre celui-ci, son directeur de cabinet et son adjoint à l’éducation, Samy Kéfi-Jéröme, suite aux révélations de Médiapart sur une manipulation à la Sextape. Le parquet de Lyon a annoncé, le mardi 30 aout, l’ouverture d’une enquête préliminaire, confiée à la police judiciaire.
Une plainte pour « chantage aggravé, guet-apens en bande organisée, détournement de fonds publics et non-dénonciation de faits délictueux » a été déposée lundi 29 août à l’encontre du maire LR de Saint-Étienne Gaël Perdrieau par son ancien premier adjoint Gilles Artigues (UDI), a affirmé le procureur de la République de Saint-Étienne, David Charmatz. Celui-ci a sollicité le dépaysement de l’affaire à Lyon en raison des relations institutionnelles entretenues entre son parquet et la municipalité. Ce mardi 30 aout, le Parquet de Lyon a annoncé l’ouverture d’une enquête préliminaire, confiée à la police judiciaire. Cette plainte intervient quelques jours après les révélations publiées vendredi dernier par Mediapart concernant une manipulation présumée à la sextape.
Un traquenard inspiré du Kompromat, une arme du KGB toujours en vogue en Russie
Le média d’investigation s’appuie sur le témoignage de Gilles Rossary-Lenglet, ex-compagnon de l’adjoint au maire à l’éducation, Samy Kéfi-Jérôme, qui affirme que ce dernier avait été mandaté par le maire de Saint-Étienne et son directeur de cabinet pour piéger Gilles Artigues.
Samy Kéfi Jérôme qui est également conseillé régional délégué dans l’exécutif de Laurent Wauquiez aurait alors organisé, fin 2014, un rendez-vous filmé entre l’ancien Premier adjoint au maire et un escorte homosexuelle à Paris, afin de le « tenir politiquement ». Antton Rouget , le journaliste de Médiapart à l’origine de ces révélations évoque un « traquenard, inspiré de la tradition du ‘Kompromat’, une arme du KGB toujours en vogue dans la Russie de Vladimir Poutine pour contrôler ou disqualifier des adversaires ».
D’après Gilles Rossary-Lenglet, cette vidéo aurait en effet permis à l’équipe municipale de Gaël Perdrieau et à son directeur de cabinet, Pierre Gauttieri, de mettre la pression sur celui que médiapart décrit comme « un père de famille très impliqué dans la communauté catholique ».
Le but aurait été de « contenir l’influence de l’élu centriste, dont l’implication était crainte dans la majorité municipale en cas de dissidence politique ». La candidature de Gilles Artigues au 2e tour des municipales de 2008 avait divisé la droite et contribué à l’élection de Maurice Vincent (PS).
Le maire de Saint-Étienne nie les faits, mais l’avocat de Gilles Artigues affirme qu’il est au courant depuis le début
Le maire de Saint-Étienne et son directeur de cabinet ont contesté cette version des faits. Gaël Perdriau a déclaré samedi 27 aout, n’avoir « à ce stade aucun commentaire à faire sur une vidéo » qu’il affirme ne pas voir vue. Il a contesté « fermement toute notion de chantage contre Gilles Artigues ».
Dans un tweet publié la veille, Fabrice Arfi, le coresponsable des enquêtes de Médiapart affirmait que « L’avocat de la victime de la folle histoire de chantage politique à la sextape révélée par Médiapart charge le maire de Saint-Étienne, Gaël Perdiau, dont il est peu de dire que sa seule réaction depuis 24 heures est minimaliste ».
L’avocat de Gilles Artigues, André Buffard, affirme que celui-ci était au courant depuis le début et que son client Gilles Artigues « est soulagé que l’affaire ait été révélée publiquement ». « Parce que ça fait des années qu’il subit ce chantage et comme souvent, chez les gens qui subissent des chantages, il y a un sentiment de culpabilité et une impossibilité de révéler les choses. On n’est pas sûr d’être cru et puis surtout, on n’est pas sûr de pouvoir apporter la preuve que ça s’est véritablement passé. »
Selon Médiapart, « La police judiciaire devra également investiguer sur le volet financier de l’affaire, de l’argent public ayant pu servir à financer l’opération, à hauteur de 50 000 euros. »
D’après Gilles Charles, journaliste à Saint-Étienne, « le service de presse de la ville de Saint-Étienne n’avait jamais eu autant de travail ». Celui-ci site pèle-mêle des articles dans « le Figaro, le Monde, Libération, le Journal du Dimanche, le Parisien, le Huffington Post et même la presse étrangère avec un article au ton ironique dans la Libre Belgique ».