La procrastination qui est souvent associée à tort à la paresse consiste à repousser systématiquement au lendemain les taches importantes. Elle peut avoir de graves conséquences dans la vie professionnelle. C’est un sujet qui a été pris à bras le corps par les coachs de développement personnel, comme le Savoyard Stéphane Abry qui a créé le pack anti-procrastination pour aider les procrastinateurs et les procrastinatrices à passer à l’action plus facilement. Nous nous sommes entretenu avec lui pour en savoir plus sur ce phénomène auquel nous pouvons toutes et tous être confronté.e.s.
La procrastination a-t-elle toujours fait partie de l’histoire de l’humanité ?
Le philosophe grec Démocrite disait déjà : « reportez toujours les choses et vous n’atteindrez jamais vos objectifs ». Le mot est apparu dans la langue française au XVIe siècle et apparemment cela viendrait de l’italien.
Et en tant que méthode pour y remédier, cela existe depuis combien de temps?
Depuis quelques années, il y a beaucoup de littérature dans le développement personnel qui sort autour de la procrastination. Il y a effectivement plein de petits outils que l’on peut utiliser pour aider les personnes.
Ce que je remarque, c’est qu’il y a de plus en plus de demandes et c’est pour ça que je me suis spécialisé dans l’anti-procrastination.
Il y a deux points qui me paraissent essentiels. Le premier pas c’est de pouvoir passer à l’action. Et la deuxième difficulté, c’est de pouvoir inscrire cette démarche dans le temps. C’est d’ailleurs souvent une peur de mes clients, qui me disent : « Mais dans trois semaines quand on ne sera plus ensemble est-ce que je vais pouvoir continuer à lutter contre ma procrastination »?
Quelle est la différence entre la procrastination et la paresse?
J’aime bien cette idée de flemmardise, de paresse, parce qu’on a plutôt une mauvaise image dans notre société de quelqu’un qui serait flemmard.
Sauf que derrière tout cela, il y a beaucoup d’aspects psychologiques. Cela peut être un moment de démotivation. Derrière la paresse il peut y avoir de l’ennui, une déprime, voire une dépression.
C’est pour cela que quand on qualifie une personne de flemmarde, cela me gêne un petit peu. Il suffirait de poser quelques questions à la personne pour se rendre compte que derrière il y a un souci.
Et du coup ces soucis, ils viennent de quoi ? Des peurs ?
Oui, il y a par exemple la peur de l’échec. J’ai peur de ne pas réussir donc je ne m’engage pas dans l’action, mais il y a aussi la peur de réussir, parce que si on réussit cela veut dire aussi qu’on va avoir plus de responsabilités.
Prenons l’exemple que dans un an je sois obligé d’engager du monde pour travailler sur la procrastination, cela veut dire qu’il va falloir sortir des salaires, il y aura tout le côté administratif, cela veut dire aussi qu’il va falloir avoir beaucoup plus de clientèle… donc certaines personnes ne vont pas s’engager par peur de réussir.
Il peut y avoir aussi toute une histoire familiale, si on a eu des parents hyper compétitifs, il se peut qu’à l’adolescence, on aille un peu contre ces croyances. Au lieu de toujours vouloir être dans la perfection, être compétitives, les personnes auront peut-être tendance à dire « moi je ne vais pas y aller, je vais procrastiner pour montrer ma différence ».
Quand on procrastine, on fait quoi ?
En général le procrastinateur est quelqu’un de très occupé, mais il est occupé par des taches secondaires. Par exemple, si j’ai mes déclarations d’impôts à remplir et que je n’ai pas envie… Je vais d’un seul coup me dire me dire « il faudrait peut-être que j’aille m’acheter un paquet de pâtes, ou que j’aille ranger la cave que je n’ai pas ranger depuis 6 mois. ».
Il y a également l’exemple très fort actuellement des réseaux sociaux. Netlfix, tout ce qu’on peut voir en replay… Ça prend une importance assez phénoménale. Je le vois beaucoup dans ma clientèle. Au lieu de faire les choses, ils et elles vont aller sur les réseaux sociaux.
Quels sont vos secrets pour remédier à la procrastination ?
Quand je fais mon coaching, j’accompagne les gens sur plusieurs séances, donc nous avons évidemment beaucoup de discussions. J’essaye de comprendre avec eux ce qui se passe, il n’y a pas une méthode, pas une potion magique, en revanche nous pouvons ensemble, créer une recette.
On s’aperçoit qu’il y a des petites choses qui sont utiles. On peut par exemple commencer par regarder comment est notre énergie tout au long de la journée. Quand est-ce qu’on est le plus apte à faire des choses à entrer dans l’activité. On peut s’apercevoir qu’il y a des moments où on a plus de pêche. Cela peut être une première évaluation à faire.
Il y a aussi l’idée de régler un maximum de choses avant une certaine heure, le matin, par exemple à neuf heures. Comme cela quand on arrive à l’heure définie et que sur la « To do list » on a déjà envoyé cinq ou six taches, on se sent mieux, on a l’impression de respirer et c’est super motivant pour le reste de la journée.
Un procrastinateur va tout de suite voir tout ce qu’il a à faire comme une montagne, comme un Everest. Au lieu de se dire: « je me lance et je vais essayer de tout faire », il faut se dire « je commence l’activité, mais je ne vais m’y mettre que dix minutes ». Cela va permettre à la personne de se mettre en route, de faire le premier pas et finalement, elle va réaliser tout ce qu’elle avait à faire. C’est vraiment l’idée de faire le premier pas, de se mettre dans l’activité, dans le mouvement.
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