Hier, le « comité des Iraniens de Lyon » a organisé une marche afin de dénoncer les lois misogynes de ce pays et soutenir la révolte qui est en court. Le cortège composé de 400 personnes selon les organisateurs, s’est arrêté place des Terreaux où a eu lieu un rassemblement.
Le rendez-vous avait été donné à 15h place Bellecour, le 19 novembre. La date est symbolique à plus d’un titre. Le 19 septembre dernier, Masha Amini, une jeune Kurde décédait dans un commissariat iranien après avoir été arrêtée pour port du voile incorrect, suscitant de nombreuses manifestations dans tout le pays. Elles ont été réprimées dans le sang par les gardiens de la Révolution islamique. Selon l’ONG Iran Human Rights, la République islamique d’Iran est soupçonnée d’avoir tué au moins 326 manifestants.
La date est symbolique à plus d’un titre disions nous, car il y a trois ans, le 15 novembre 2019, éclatait un mouvement de révolte dans le pays, après que le pouvoir ait annoncé une augmentation de 300% des prix du carburant. Des manifestations avaient été organisées dans une centaine de villes iraniennes. Une fois encore le régime iranien mata la révolte par la violence, lors du mois de novembre sanglant, le Bloody Aban. 1500 personnes ont été tuées en deux semaines.
Un rassemblement organisé place des Terreaux
À Lyon, le cortège a déambulé dans les rues de la ville en scandant des slogans de soutiens aux Iraniennes et « aux femmes du monde entier ».
Arrivé place des terreaux, différent.e.s interlocuteurs et interlocutrices se sont succédé.
La Bâtonnière de Lyon est venue apporter le soutien des « 4000 avocats de Lyon »
On peut par exemple citer, Marie Josèphe Laurent, la Bâtonnière du barreau de Lyon, qui est venu apporter son soutien au nom des « 4000 avocats de Lyon ». « Nous soutenons non seulement nos confrères, toutes les femmes iraniennes, mais également tous les hommes iraniens qui doivent se lever et venir en renfort du mouvement lancé par les jeunes femmes iraniennes. »
Mme Laurent a annoncé que le barreau allait « réaliser des petites vidéos pour égrener les crimes qui sont commis et chaque semaine nous pousseront une vidéo sur les réseaux sociaux ». « Il faut que le monde entier sache, puisque le gouvernement iranien n’aime pas qu’on parle de ses exactions. »
À notre micro, la bâtonnière a ajouté « on veut apporter notre solidarité avec les femmes du monde entier ».
Une Iranienne demande à Emmanuel Macron de prendre position et dénonce le silence des Nations unies
Une femme iranienne, le visage masqué a demandé à Emmanuel Macron de prendre position et a appeler les Nations unies à réagir.
Elle s’est confiée sur la situation en Iran : « c’est horrible, c’est un cauchemar, les gens sont emprisonnés, lors des deux derniers mois il y a eu plus de 350 Iraniens qui ont été tués, plus qu’en Ukraine ». « Lors des deux derniers mois, il y a eu 56 enfants qui ont été tués, mais l’UNICEF garde le silence. »
Le directeur d’IHR, Mahmood Amiry-Moghaddam, avait lui-même appelé la communauté internationale à agir pour faire cesser la répression en Iran. Selon lui, « La mise en place d’un mécanisme international d’enquête et de responsabilisation par l’ONU facilitera à la fois le processus visant à tenir les auteurs responsables à l’avenir et augmentera le coût de la répression continue par la République islamique ». Mais les Nations Unies font la sourde oreille.
L’Iranienne a également du mal à comprendre le « en même temps » d’Emmanuel Macron. « Au départ de ce mouvement, quand la révolution a commencé, il y a eu une réunion à New York, où tous les présidents étaient présents et M. Macron a serré la main du président de ce régime alors que les gens étaient tués dans la rue et le président Macron était au courant. Finalement il a aussi serré la main à une militante iranienne très connue, contre le régime iranien. Mais ce n’est pas une approche claire, alors que le chancelier allemand a explicitement condamné ce régime, alors que le président Macron est en train de solliciter les deux. »
De la musique, des concerts et des gestes forts…
Durant le rassemblement, des happenings ont été organisés. Les manifestants ont notamment rendu hommage aux victimes du régime iranien en accrochant leurs noms sur une installation improvisée.
Des musiciens sont également intervenus et à ce moment des femmes se sont coupé les cheveux en solidarité avec leurs semblables Iraniennes.
Les réactions des participant.e.s
À la fin du rassemblement, nous nous sommes entretenus avec le coordinateur de la manifestation, un iranien d’origine kurde. Il a évoqué « un gouvernement terroriste ». « Nous voulons l’égalité pour tous, nous avons besoin de l’aide internationale. »
Nous avons également parlé avec Massoud pour qui c’était « un devoir d’exprimer sa solidarité avec le peuple iranien lors de cette journée mondiale de mobilisation contre le régime des ayatollahs ». « On n’attend rien de la France, pendant 43 ans, les gouvernements savaient ce qui se passait en Iran, mais par rapport à leurs intérêts économiques, ils n’ont rien fait. »
Nous nous sommes également entretenus avec Shayan qui est « originaire d’Iran et qui est arrivé en France à 14 ans ». « Après deux mois de révolution en Iran, personne n’en parle, donc j’ai décidé de créer ma chaine YouTube pour informer les gens sur ce qui se passe. »
Nous avons aussi fait la connaissance de l’artiste d’origine iranienne Tolooie, qui transportait un portrait d’Ali Khamenei. « Nous sommes actuellement confrontés à un dragon à plusieurs têtes et ce dragon le voici. Notre corps l’Iran a un cancer que nous sommes en train de virer, on fait une opération actuellement. »
Le conseiller métropolitain EELV Benjamin Badouard avait également fait le déplacement pour témoigner du soutien de la Ville et de la Métropole de Lyon, mais aussi son soutien personnel car il a des liens avec l’Iran et « se sent attaché à ce pays ». « C’est un combat universel de liberté, qui est porté par des femmes et elles sont suivies par les hommes, ce qui est encore plus beau ».
Brigitte Alban, une militante EELV lyonnaise a également tenu à apporter son soutien « aux femmes iraniennes, car la situation est trop grave dans ce pays, où les femmes sont oppressées ». « Le patriarcat on doit lutter contre que ce soit en Iran, en Afghanistan, partout dans le monde, on doit être solidaire des femmes où qu’elles soient. »