Après la publication d’un rapport sénatorial menaçant le réseau d’exclusion en France et alors que le DSA, visant à réguler les plateformes sur le territoire européen est entré en vigueur le 25 aout, Tiktok France a vu sa présidente Zhao Tian, remplacée par l’Américain Adam Presser.
La commission d’enquête du Sénat chargée d’étudier le fonctionnement et la « stratégie d’influence » de Tiktok avait menacé le réseau social d’une suspension en France et dans l’UE si celle-ci ne prenait pas des mesures pour clarifier ses liens avec les autorités chinoises et ne mettait pas en place une modération « efficace » avant le 1er janvier 2024.
Le rapporteur de la commission sénatoriale, Claude Malhuret, accusait Zhao Tian d’être « une Chinoise de Chine, pas une Chinoise de France », soulignant qu’elle « a fait ses études à la célèbre Académie diplomatique de Pékin, qui forme les diplomates et tout ce qui est paradiplomatique ». Président du groupe Les Indépendants au Sénat, l’ancien maire de Vichy a rejoint le parti Horizons d’Edouard Philippe en 2021. Il est passé par l’OMS, Médecins Sans Frontières, a confondé Doctissimo et a prononcé un discours en 2017 au Sénat sur les dangers de l’Intelligence artificielle, avant de demander la suspension de Russia Today et Sputnik en 2019.
Le responsable des affaires publiques pour TikTok en France, Eric Garandeau a alors précisé que Zhao Tian « n’avait jamais occupé de poste responsable au sein de TikTok SAS ». Il avait également annoncé qu’elle serait remplacée par un nouveau président européen, en réponse aux préoccupations soulevées par le Sénat.
Mais finalement, le nouveau président de TikTok France sera américain. La filiale française Tiktok SAS a annoncé ce mardi confirmant une information de L’Informé, que le remplacement de Zhao Tian, par Adam Presser basé à Los Angeles et récemment promu chef des opérations mondiales de la plateforme. Diplômé de Yale et d’Harvard, il a dirigé les activités en Chine de la société de production Warner Bros.
Cela n’a toutefois pas contenter Claude Malhuret. Selon nos confrères, il aurait affirmé que « Cela démontre que la France reste une succursale gérée depuis les États-Unis » et que la commission d’enquête du Séna n’a « toujours pas de réponse sur le fonctionnement de l’algorithme de TikTok, rédigé par des ingénieurs chinois qui sont contraints de répondre aux injonctions de leurs autorités ».
Pour rappel, la Commission européenne, le Royaume-Uni, les Etats-unis et la France se sont inquiétés de la manipulation des données sur Tiktok et les possibles intrusions des autorités chinoises.
Au mois de mars, le ministre de la Fonction publique Stanislas Guérini, annonçait que l’interdiction de l’installation et de l’utilisation d’applications « récréatives », y compris TikTok, Twitter et Instagram, sur les téléphones professionnels des 2,5 millions d’agents de la fonction publique d’Etat, en raison de préoccupations en matière de cybersécurité et de protection des données. Des mesures équivalentes ont été prises par le Commission européenne, le Royaume-Uni et les États-Unis. Lors lors d’une audience au Congrès américain, les législateurs avaient également interpellé Shou Chew, le directeur général de TikTok USA, sur les liens entre la plateforme de vidéos et la Chine et sur les risques que faisait courir le réseau social aux enfants.
Mais ce changement de direction à la tête de TikTok France intervient surtout au moment où le DSA, le texte qui régule les plateformes des réseaux sociaux sur le territoire européen et qui fait courir des risques en matière de liberté d’expression vient d’entrer en vigueur le 25 août et alors que le Projet de loi visant à sécuriser et réguler l’espace numérique doit être discuter à l’Assemblée après être passé par le Sénat, au mois de juillet.
En France, Tiktok a été classé 13e site le plus visité en mai dernier et le réseau social compte plus de 150 millions d’utilisateurs en Europe.